Eric Ciotti, le président de LR qui a fait alliance avec le RN aux législatives, effectue samedi sa rentrée politique avec l'intention de se convertir en porte-drapeau d'une union des droites sur le modèle italien, malgré un espace politique réduit.
Après avoir dynamité sa famille politique en juin en brisant le cordon sanitaire que les héritiers du gaullisme ont toujours maintenu avec l'extrême droite, le député rassemble ses partisans à Levens, dans son fief des Alpes-maritimes.
Il entend y réitérer son appel aux électeurs de droite à le rejoindre en leur proposant ce qu'il présente comme une "nouvelle offre" répondant "à l'aspiration d'une union des droites qui est puissante" en France, affirme-t-il à l'AFP.
A la tête d'un groupe de 16 députés baptisé "A droite", il ne devrait pas ménager dans son discours ses anciens collègues de parti, qui comptent 47 députés et dont Laurent Wauquiez, qui nourrit des ambitions élyséennes, a pris la tête après les législatives.
Il leur reproche d'avoir sauvé leur peau aux législatives, grâce "à une alliance avec Emmanuel Macron au premier tour, voire avec le Nouveau Front populaire (NFP) au second, selon les circonstances".
Accusé par Laurent Wauquiez de "traitrise", méprisé par ses anciens collègues de parti qui lui reprochent d'avoir fait alliance avec le RN en catimini, M. Ciotti prédit à ses anciens collègues qu'ils seront "aspirés dans la macronie à 'l'insu de leur plein gré'".
La hache de guerre n'est pas près d'être enterrée entre les deux camp : le député des Alpes-Maritimes a d'ores et déjà coupé court à la rumeur qu'il annoncerait à Levens son départ de la présidence de LR.
"Ce n'est pas d'actualité", assure-t-il, entretenant ainsi la confusion à droite au grand dam des dirigeants des Républicains qui ont déjà tenté en vain à trois reprises de l'exclure et qui attendent que la justice se prononce à nouveau le 14 octobre.
"Complémentaire" avec le RN
Dans son ancien parti, on décrit volontiers Eric Ciotti comme "dépendant" de Marine Le Pen (RN), d'autant qu'il n'a embarqué avec lui qu'une seule députée LR sortante, Christelle d'Intorni.
Par ailleurs, la députée Sophie-Laurence Roy, élue dans l'Yonne sous ses couleurs, a immédiatement rejoint les rangs du groupe RN en assurant "être plus efficace" dans un groupe de 126 membres.
Si d'autres députés d'A droite suivent son exemple, Eric Ciotti pourrait être privé des 15 élus indispensables pour constituer un groupe à l'Assemblée nationale.
Une hypothèse que son entourage rejette catégoriquement, parlant d'un groupe soudé "essentiellement élu dans des circonscriptions urbaines contrairement à ceux du RN".
S'il "assume" toujours son alliance avec le RN, M. Ciotti assure toutefois conserver son autonomie : "Si on est totalement identiques, on est absorbés", prévient-il, convaincu que les deux formations doivent être "complémentaires dans une forme d'indépendance et de différence".
"Il va reconstruire la droite du sol au plafond", promet son entourage, rejetant toute comparaison avec Eric Zemmour (Reconquête!) qui a, lui aussi, défendu en vain l'idée de l'union des droites. "Lui, il ne voulait pas l'union, mais tuer le RN et LR", rétorque-t-on.
En Italie le gouvernement d’union des droites de Giorgia Meloni a fait reculer l’immigration illégale de 65%
— Eric Ciotti (@ECiotti) August 28, 2024
Quand on veut on peut, un modèle à suivre pour la France !
Seule l’union des droites permettra un changement de paradigme
L’impuissance du en même temps ne règlera… https://t.co/nFbFOVs4w7
Cette union des droites, M. Ciotti souhaite la bâtir sur le modèle de la coalition qui a porté Giorgia Meloni au pouvoir en Italie, qui va du centre-droit à l'extrême droite, comme aux Pays-Bas.
"Nous voulons recréer un parti populaire", ajoute son entourage qui rappelle que la gauche française est parvenue à s'unir "aussi bien en 2022 avec la Nupes que cette année avec le NFP".
M. Ciotti entend bâtir une droite "fidèle à son histoire" qui se présenterait unie aux municipales de 2026, où il ne cache pas ses ambitions pour la mairie de Nice, et qui lui permette ensuite de "gouverner le pays".
Un élu Horizons, le parti de l'ex-Premier ministre Edouard Philippe, le dépeint comme un nouveau Nicolas Dupont-Aignan, le souverainiste battu lors des législatives anticipées qui avait apporté son soutien à Marine Le Pen dans l'entre-deux-tours en 2022.
"La grande différence, c'est que nous avons un groupe parlementaire, des sénateurs et des eurodéputés", assure l'entourage du député, soulignant que Nicolas Dupont-Aignan "n'a jamais eu tout ça".
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