La crise TNN-Acropolis, du nom d'un projet controversé de démolitions dans le centre-ville, met en ébullition le marigot maralpin. Entre trahisons et ralliements du côté des élus, on fait le point ensemble.
Avec le retour de la guerre Estrosi/Ciotti, le vent souffle fort sur les Alpes-Maritimes. Assez pour faire tourner quelques girouettes. L'ancien député Gaston Franco pourrait être un cas d'espèce. La semaine dernière, il n'était pas seulement au premier rang d'une réunion publique d'Éric Ciotti. Il a également pris la parole pour torpiller Christian Estrosi et son projet de raser le Théâtre national et le Palais Acropolis, à Nice. Étonnant, quand on se souvient qu'il était bien présent et tout en applaudissements au meeting de rentrée du maire, en septembre dernier.
Il y a une dizaine d'années, c'est également lui qui avait accepté de démissionner de son mandat de conseiller général pour laisser la place à Éric Ciotti, qui venait de perdre l'élection dans une autre circonscription. Comme remerciement pour Gaston Franco, un poste créé sur mesure et payé double en mairie de Nice. Depuis ce repli doré, il réservait ses tirs pour… le même Éric Ciotti. En 2014 : "La relation entre lui et moi, c'est un peu Copé-Fillon. Toute l'histoire de l'humanité repose sur les trahisons". Leçon apprise, donc.
Autre transfert, moins spectaculaire, avec celui de Bernard Chaix. En juin 2020, il est élu sur la liste Estrosi, avec comme projet majeur l'extension de la Coulée verte. Dossier pour lequel il a voté toutes les délibérations nécessaires, en conseil municipal. À la rentrée dernière, il est débarqué de la majorité pour avoir voté au Département "contre les intérêts de la Ville de Nice". Depuis, il n'a plus de mots assez durs pour dénoncer… cette même extension de la Coulée verte. Le 10 décembre, il votait d'ailleurs contre la démolition du TNN.
Aux abonnées absentes sur cet épineux dossier, la mairie peut compter sur Marine Brenier et Dominique Estrosi-Sassone, qui refusent de soutenir Christian Estrosi. Et ce, même quand le Département menace de lui couper des subventions, avec quelques insultes au passage (Le CD06 a voté une aide financière le 1er octobre, avant d'annoncer son annulation par surprise ces jours derniers).
Marine Brenier compterait garder l'investiture Les Républicains aux prochaines législatives dans sa circonscription. Celui qui peut le lui garantir n'est autre qu'Éric Ciotti. Qui pourrait tout aussi bien décider de lui coller dans les pattes un adversaire de droite en juin prochain. Un risque qui encourage "Bébé Estrosi" - comme elle est surnommée par la presse - semble-t-il, à prendre certaines distances avec son mentor. Et tant pis si c'est lui qui lui avait réservé la fameuse circonscription, son fief, en 2016.
Dominique Estrosi-Sassone, toute accaparée par la campagne présidentielle des LR, n'a pas non plus beaucoup de temps pour soutenir le maire. Un silence évocateur qui fait grincer des dents à l'Hôtel de Ville.
Si l'autoroute de la désertion est rouge dans le sens des départs côté niçois, Christian Estrosi peut compter sur un nouveau soutien tout neuf. Olivier Bettati - qui s'était présenté contre lui aux municipales de 2014 avant de rejoindre Marion Maréchal Le Pen (Front national) pour les régionales suivantes - est de retour au bercail.
Sans doute envoyé au Port de Nice en 2022, il y défiera le député sortant. On vous le donne en mille : c'est Éric Ciotti.