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Se réjouir du meurtre d'un enfant, d'autant plus quand il s'agit d'un acte homophobe, ça n'est pas légal. Critiquer une religion (et pas ses fidèles), même avec des termes vulgaires, c'est un droit. Voilà, rien de bien compliqué — sauf pour Twitter
FRANCE/CULTURE — Deux poids, deux mesures ? Le rappeur Koba LaD a publié dimanche 16 février une story Snapchat (photo publique) relayant une capture écran d'un article ("Ce père tue son propre fils de 14 ans parce qu'il était gay") traitant d'un infanticide homophobe. Sur ce post était écrit : "Bien joué."
Dans la foulée, We Love Green, Dour, Main Square, Garorock, VYV, et quelques autres festivals ont annoncé avoir déprogrammé l'artiste.
En cause, en plus de la fameuse story, des excuses pour le moins ratées, où le jeune homme a plaidé "la défonce" et a assuré "ne cautionner ni le meurtre, ni l'enfant gay." Du grand art.
Koba Lad « Je cautionne ni le meurtre ni l’enfant gay »
Mais il bête ou il le fait l’exprès ? 😂😂😭😭 pic.twitter.com/9XDaNfB780
— 🇵🇹 Young Mind 🇵🇹 (@YoungGueshino) February 17, 2020
"White privilege" et "lobby LGBT"
Sur Twitter, où la polémique est l'un des sujets d'actu les plus discutés depuis trois jours, beaucoup d'internautes font le rapprochement avec Mila, cette ado LGBT au centre des débats les semaines passées pour avoir violemment insulté l'islam ("religion de haine", "votre Dieu je lui mets un doigts dans le…").
Pour un certain nombre de twittos, Mila jouirait d'un "white privilège" (privilège blanc) qui lui promettrait plus de tolérance des médias que pour le rappeur Noir. D'autres ne comprennent pas pourquoi la story de Koba serait plus grave que celle de l'ado.
L'un est accusé de viol sur mineur l'autre d'homophobie, l'un est invité au césar l'autre est blacklist des festivals. A votre avis en France, on se base sur quoi pour dissocier l'artiste de son œuvre ? pic.twitter.com/SO4fnjFqIJ
— SiD. (@mister_sid_) February 19, 2020
Le fait que koba la d ait ete vire aussi rapidement des festivals c'est pas anodin et meme si ses propos hyper grave joue bcp, le fait que ce soit un boug noir aussi et le double standard est reel dans cette situation (cf therapie taxi, romeo elvis, vald et j'en passe)
— dangerous womAAAAAAAAn (@nosmelodrames) February 19, 2020
Koba la D tant qu’il ne s’mange pas une amende/peine votre argument sur la liberté d’expression n’a aucun sens, là il s’est fait déprogrammer de plusieurs festivals pcq ces derniers se sont mangés d pressions par l’un d Lobby les + puissants du monde, c pas l’état qui le condamne
— jprínce 飛 (@jprinceQ) February 19, 2020
Si Mila a été "défendue" par certains médias, c'est que sa critique —même brutale— portait sur un culte, pas sur les fidèles qui l'exercent. On peut alors juger cela blessant, ou maladroit, mais ça n'a rien d'illégal (on parle de droit au blasphème, même si l'expression n'est pas tout à fait correcte). Les Français sont d'ailleurs très partagés sur cette question.
L'homophobie, une haine, pas une opinion
Koba LaD semble se réjouir d'un meurtre (lui affirme avoir partagé l'article sans avoir vu la légende "bien joué"). Le crime en question est, selon le titre du média, homophobe.
En France, l'homophobie est délit, pas une opinion. Les gays, les lesbiennes, ne choisissent pas leur orientation sexuelle, contrairement à ce que beaucoup de twittos semblent défendre ces derniers jours.
Quid de ceux qui disent vouloir séparer l'homme de l'artiste ? C'est ce qui peut être fait quand Koba LaD lâche dans une punchline :
"Ramène tes grands frères pédale ; Neuf millimètres est de taille."
On aurait tendance à considérer qu'il n'y à rien à interpréter dans ces paroles, qui relèvent de l'expression artistique.
belle hypocrisie de la part des festivals de prendre la décision d'annuler koba lad sous couvert d'un : "Il ne respecte pas les valeurs que l'on a et que l'on défend." est-ce qu'ils écoutent vraiment les paroles ? ou ils regardent juste les chiffres ? j'ai ma réponse.
— Lansky (@lanskywalker) February 18, 2020
Par contre, dans le cadre d'une communication sur un réseau social, difficile de considérer que Koba s'exprime là en tant qu'artiste ou en tant que personnage d'une oeuvre.