Un clip étrange, diffusé sur Snapchat, met en scène de prétendus dealers niçois pour promouvoir le prix de différents produits stupéfiants. Anthony Borré, premier adjoint au maire chargé de la Sécurité, a saisi le procureur de la République.
Le ministre de l’Intérieur en avalait son café de travers en début de semaine : le 1er septembre, l’émission Quotidien (TMC), dans un sujet éloquent, montrait comment certains guetteurs liés au trafic de stupéfiants mettent en place des “check-points” dans la ville de Marseille. Chargés de prévenir les dealers de l’arrivée de la police, ces jeunes avaient tout simplement installé des grillages de jardin et une barrière en travers de certaines rues histoire d’imposer “un télépéage”.
“Macron il fait sa loi ? Tout le monde l’écoute ? Et bah nous, c’est pareil” expliquait sans rire l’un de ces “choufs” au journaliste de TMC.
Dans la rubrique “les trafiquants de drogue tentent de faire leur loi”, c’est à Nice que naît la polémique du jour. Sur les réseaux sociaux -- ici Snapchat -- une vidéo, manifestement tournée chez nous, a été réalisée pour promouvoir… les tarifs de différentes drogues.
Avec l’esthétique d’un clip de rap, des hommes capuchés se mettent en scène autour d’un point de deal, avec des produits stupéfiants (qui apparaissent peu à l’image) et des liasses de billets (…de dix euros). Les prix des différentes marchandises, ici de la cocaïne et du cannabis notamment, sont vantés, avec différentes réductions possibles.
Panneau de fin : l’adresse de ce “commerce”, prétendument installé aux Liserons, un quartier chaud de Nice connu pour être l’une des plaques tournantes des trafics dans les Alpes-Maritimes (vidéo en bas d’article).
Une faute dans le nom du quartier (orthographié “Lisseron” au lieu de “Liserons”) pourrait faire douter du sérieux de cette publicité. Cela étant, les policiers le savent depuis un moment, un certain nombre de dealers installés dans les cités niçoises n’y vivent même pas, beaucoup d’entre eux venant directement de la région parisienne.
S’agit-il d’une simple provocation ou d’une nouvelle illustration de l’insolente puissance des trafiquants dans notre région ? La Justice devrait y jeter un oeil, puisque le maire de Nice Christian Estrosi et son premier adjoint Anthony Borré ont saisi le Parquet le 2 septembre.
Pendant les élections municipales niçoises, en décembre 2019, des prospectus affichant les tarifs de vente de cocaïne avaient été découverts en ville, déclenchant une plainte de la mairie. Le Parti socialiste n’avait pas jugé “crédible” cette affaire.
Le 11 août, nous vous racontions comment d’autres guetteurs avaient empêché une journaliste de Nice-Presse de faire son travail, à savoir un reportage auprès des habitants d’un HLM (Nice Est) dont la vie serait gâchée depuis des années par les dealers.
Proche de la frontière italienne et située dans un bassin de vie particulièrement concerné par la précarité, Nice est notablement touchée par la problématique du trafic de drogues. L’été dernier, des fusillades régulières aux Moulins (Nice Ouest) et aux Liserons avaient motivé le gouvernement à décréter l’envoi de renforts policiers significatifs dans la capitale azuréenne.
La vidéo
Clip totalement scandaleux sur les réseaux sociaux qui fait la promotion d’un trafic de drogue dans le quartier des #Liserons.
En tant que président de @coteazurhabitat et avec @cestrosi, nous avons saisi le procureur de la République @XavierBonhomme1.#Nice06 pic.twitter.com/HhEGXAq93u— Anthony Borré (@anthony_borre) September 2, 2021