Quentin Matin est le directeur et fondateur de l’association G-Addiction Jeunesse citoyenne, lauréat du Prix national innovation sécurité routière et trophée d’argent Climat06.
“Notre jeunesse ne doit pas être la grande perdante de cette crise. Elle ne doit pas payer les pots cassés. Pour cela, il nous faut impérativement lancer un plan Marshall pour la jeunesse. Il y a urgence… Il faut agir vite et fort, déployer un plan massif afin de redonner de l’espoir à une jeunesse qui n’a connu que la crise : d’abord celle de 2008, puis celle des gilets jaunes, à présent celle du coronavirus, sans oublier la crise environnementale.
Le COVID-19 nous aura tous impactés. Les projets et perspectives d’avenir de notre jeunesse ont parfois volés en éclat du jour au lendemain. Chômage, pauvreté, logement, petits boulots : ils faisaient déjà partie, avant le coronavirus, des plus précaires.
“Nombreux sont les jeunes qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pendant cette crise”
Pendant la pandémie, ils se sont mobilisés pour venir en aide aux personnes âgées, leur faire des courses, leur apporter un peu d’espoir et de réconfort. Nombreux sont les jeunes qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pendant cette crise. Ils ont monté de formidables chaînes de solidarité. Ils ont également pris le relais de nos seniors au sein des associations.
Nos jeunes ont vu leur stage ou alternance s’interrompre brutalement alors que ces formations préparent à l’entrée sur le marché de l’emploi. Nos étudiants ne pourront pas non plus compter sur un job d’été pour financer leurs études. Nos jeunes sont surreprésentés dans les secteurs les plus en difficulté : tourisme, hôtellerie, restauration, événementiel ; sans parler de ceux qui vont entrer sur le marché du travail. Leur insertion professionnelle sera un vrai parcours du combattant.
C’est notre jeunesse qui va trinquer. Instabilité, inquiétudes, économie en berne, moral au plus bas, chômage au plus haut, compte en banque dans le rouge : ils doivent aujourd’hui gérer l’angoisse de l’avenir en tenant compte des aléas du quotidien.
La jeunesse ne doit pas être l’angle mort, le parent pauvre des politiques publiques de l’après coronavirus. Elle ne doit pas en être la variable d’ajustement, au contraire, elle doit être la mère de toutes les batailles.
Déscolarisés, des millions d’adolescents et étudiants ont été privés d’école et d’université, même si les enseignants ont fait leur maximum pour assurer les cours à distance. Pour tous ces jeunes qui passaient le baccalauréat, qui étaient en apprentissage, qui sortent de l’université et allaient entrer dans la vie active, quel avenir leur offrons-nous ?
“La jeunesse doit être la matrice de nos politiques publiques post confinement”
1. Exonérons totalement de charges les entreprises qui forment et transmettent leurs savoir-faire à des alternants. Encourageons aussi celles qui accueillent des stagiaires.
2. Supprimons les charges pour les nouveaux embauchés en CDI de moins de 25 ans.
3. Doublons le nombre de volontaires en service civique et revalorisons leurs indemnités.
4. Facilitons l’accès au logement avec un État qui se porterait garant des jeunes locataires.
5. Mettons en place un pass transport gratuit pour toutes celles et ceux de moins de 25 ans qui doivent se rendre à un oral d’examen, passer un concours ou un entretien d’embauche.
6. Rendons la culture plus accessible avec un prix d’entrée unique à 5 euros dans les salles de spectacles pour que nos jeunes, enfermés pendant le confinement, reprennent goût au cinéma et à la lecture, pour qu’ils s’émerveillent au théâtre et à l’opéra.
7. Encourageons la pratique sportive avec la généralisation d’une licence sportive annuelle à demi-tarif pour nos jeunes.
8. Généralisons l’ouverture des bibliothèques municipales et universitaires jusqu’à 22h le soir en semaine et de 8h à 22h le week-end, dimanche inclus.
9. Demandons aux groupes bancaires de ne plus prélever d’agios à nos jeunes jusqu’à fin 2020.
10. Généralisons les bourses au mérite pour l’entrée à l’université, ainsi que celles liées à l’obtention d’une mention très bien au baccalauréat.
11. Permettons à chaque bachelier de bénéficier d’une consultation médicale gratuite, avec prise en charge complète des soins nécessaires durant 6 mois et aide au financement d’une complémentaire de santé.
12. Doublons le nombre d’étudiants français bénéficiaires d’Erasmus.
13. Rendons obligatoire un entretien annuel avec un conseiller d’orientation en 3ème, 2nde et terminale.
14. Généralisons un entretien individuel avec un psychologue ou une infirmière scolaire pour tous les candidats au baccalauréat.
15. Mettons en place un bonus éco-citoyenneté pour les élèves et étudiants qui s’engagent dans des actions concrètes en faveur du développement durable, de l’environnement et de la transition écologique au collège, au lycée et à l’université. Entendons cette jeunesse citoyenne qui s’engage pour le climat et qui aurait des dizaines d’autres propositions à formuler sur le sujet.
Lançons un vrai plan Marshall pour la jeunesse, essentiel à la reprise économique. Faisons de cette crise une opportunité, permettons à nos jeunes de dessiner la France de demain. La jeunesse doit être la matrice de nos politiques publiques post confinement. Elle devrait être une cause suprême : c’est elle qui devra assumer demain les choix d’aujourd’hui!”