Plus de 1.000 cas de coronavirus sont confirmés parmi les militaires du porte-avions. Ils sont en quarantaine notamment à Toulon pour éviter une propagation.
CRISE SANITAIRE — "Quand je suis rentré dans la marine, j’avais 19 ans. Je n’étais pas prêt pour ce rythme de vie !" Mais très vite, ce Toulonnais s’est habitué aux horaires de service, très différents à bord. "On fonctionne par quarts, pour que le bateau tourne toujours, c’est à dire qu’on travaille par blocs de quatre heures environ."
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Sous couvert d’anonymat, ce militaire poursuit : "Pour nous le confinement actuel c’est facile : on peut sortir dans l’enceinte du dispositif, on a accès à Internet, en pleine mer c’est autre chose."
En mission, ils restent souvent coupés du monde, sans réseau pendant des semaines. Alors, certains marins investissent dans une carte prépayée pour contacter leurs proches. Dans le cas contraire, ils attendent la prochaine escale.
Sur le Charles de Gaulle, des téléphones fixes sont aussi mis à disposition du personnel. "On est tous dans le même bateau ! Ce n’est pas la croisière et le bâtiment est très vieux, mais on prend les choses du bon côté. C’est notre métier."
Mesures d’hygiènes strictes
Après deux semaines sans réels symptômes du Covid-19 sur le "Charles De Gaulle", les premiers soupçons apparaissent parmi l’équipage. "On passait notre temps à nettoyer le bateau à la Javel. Une fois par jour, puis deux. On a dû adopter des mesures barrières."
Pour éviter la propagation, une partie est mise en confinement : les marins limitent les rassemblements, respectent un mètre de distance et ne se serrent plus la main. "On nous fournissait chacun deux masques par jour et du gel hydroalcoolique", poursuit-il.
"Au début, la salle de sport était limitée à dix personnes, puis ils ont fini par stopper totalement car beaucoup sont tombés malades."
Lors d’une mission, la promiscuité rythme la vie des militaires. Outre les activités sportives, l’appel ou les sanitaires partagés, ils ont l’habitude de se réunir dans une salle de convivialité. "Parfois on joue à la Play dans notre chambre, on regarde des séries sur notre téléphone. Parfois on se rejoint entre collègues pour faire des jeux de société ou pour la télé."
Car leur espace personnel est plus que réduit, bien que "correctement agencé." Deux dortoirs divisés en plusieurs chambres. "Même si on n’est jamais tous ensemble, on est très vite collés."
Peu d’informations
"Je trouve que le commandement a très bien réagi, dans l’urgence. On a fait avec les moyens du bord" explique-t-il. Le bémol ? Un manque d’information qui a créé une peur chez certains marins.
"Personne ne savait rien !" On regardait BFM TV et on apprenait plus de choses que ce qu’on nous disait.
C’était assez stressant"
Des informations, qui selon lui, étaient peu précises : "600 contaminations ? C’était beaucoup plus. Nous n’avions même pas tous les résultats. Donc j’ai préféré me fier à ce que l’encadrement disait."
Un épisode difficile pour certains militaires mais bien vécu par ce Toulonnais. "Il faut remercier les médecins et infirmiers qui étaient débordés et faisaient des journées de plus de quinze heures."
Selon lui, cet événement permettra, si cela se reproduit, "d’anticiper beaucoup mieux."