La fermeture des plages décrétée dans la foulée du confinement plombe le moral de ces Varois, "torturés" par un "sevrage" si soudain.
CRISE SANITAIRE — "J’ai pensé à prévoir un budget amende. 135 euros contre une bonne session ça vaut le coup" plaisante Raphaël Bonnet-Guerini, passionné de planche à voile "depuis le plus jeune âge". Le jeune homme est confiné avec sa famille à Bandol, dans le Var.
Malgré sa frustration de ne plus pouvoir accéder au littoral, il s’est vite ravisé. Une décision prise pour "éviter de mobiliser des secouristes", selon la préfecture et qu’il respecte avec regret.
"L’hiver, je ne vois jamais personne nous surveiller, mais là, ils sont mobilisés pour vérifier qu’on ne soit pas sur l’eau"
Véritable sevrage
Il a été initié à la mer par son grand père. "C’est très difficile pour lui, il a l’habitude d’aller tous les jours sur son bateau. Trois mois par an, il part faire le tour de la Méditerranée", explique-t-il.
"En vivant à Bandol, à deux pas de la mer, c’est hyper tentant, surtout qu’on a eu beaucoup de vent ces derniers jours". Un véritable sevrage imposé pour tous les surfeurs, planchistes et autres drogués de la mer.
Surtout dans une région où elle fait partie intégrante de la vie des habitants. Chaque été, cet étudiant se transforme en moniteur de voile.
Avec l'épidémie, il redoute une prolongation de ces restrictions. Son ami, Siloé Bouchet, est dans la même situation : leur emploi saisonnier pourrait être sérieusement menacé, tout comme leur moral.
"Une torture inutile"
"Je reviens une semaine sur deux spécialement pour naviguer", explique-t-il. Lui aussi est rentré à Bandol et vit avec sa mère, Edwige, monitrice de voile depuis trente-cinq ans.
Été comme hiver, sa vie est rythmée par la mer. La perte de son activité avec le confinement a un impact négatif sur l’humeur d’Edwige.
"C’est toute sa vie. Normalement elle donne des cours, mais là elle est en manque. Elle est beaucoup plus irritable", assure Siloé
Pour ces adeptes des sports nautiques, naviguer est une passion à part entière.
"On en a besoin pour passer une bonne journée. C’est comme un drogué qui n’aurait pas sa came. Sauf que nous, ça ne détruit pas le cerveau", renchérit Raphaël.
"Je veux bien comprendre que pour le moment c’est difficile de laisser les gens profiter de l’eau. Mais au delà du 11 mai, ce serait une torture inutile."
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