Perturbé par des slogans identitaires, l'hommage aux victimes de l'attentat de Notre-Dame organisé par les ultras de l'OGC Nice hier soir a immédiatement été catalogué comme étant "une manifestation d'extrême droite organisée par Génération identitaire". Pour la plus grande indignation des supporters.
ATTENTAT DE NICE — "Un grand moment de désinformation", "une série de mensonges"… les ultras du Gym ne décolèrent pas. Hier soir, plusieurs médias ont qualifié leur hommage rendu aux victimes de l'attaque de Nice de rassemblement identitaire, alors qu'un homme lié à un groupuscule de cette mouvance était semble-t-il impliqué, quelques heures plus tôt, dans une tentative d'attentat d'extrême droite en Avignon.
L'organisation a-t-elle mené une démonstration de force dans notre ville cette nuit ?
Une journaliste de Nice-Matin a ainsi couvert via plusieurs vidéos la "manifestation de Génération identitaire dans les rues de Nice", tandis que Libération titrait : "Génération identitaire manifeste après l'attentat" (un éditorial du même journal en fait également état ce matin). Europe 1 rapporte la présence "d'identitaires", sans citer de groupe particulier.
Une manifestation de Génération identitaire dans les rues de Nice ce soir. #nice06 #attentatnice pic.twitter.com/yvOyx8EUeC
— Elise Martin (@Elise0Martin) October 29, 2020
Les identitaires démentent
Sauf que, d'après nos informations, GI n'a rien à voir avec l'organisation de ce mouvement. "Vu le buzz et les reprises presse, on adorerait dire que ça vient de nous… mais pas du tout" nous ont affirmé plusieurs responsables à l'échelle locale comme nationale. "Et c'est vraiment mal connaître Nice pour croire qu'un groupe comme Génération identitaire peut rassembler autant de monde, aussi vite!"
Attentat de Notre-Dame de Nice : le retour de la terreur dans les Unes les plus marquantes de la presse
Ce mouvement a effectivement lancé hier dans l'après-midi des appels à manifester devant les églises, quelques heures après l'attentat. Mais les jeunes qui ont entonné à "Marseillaise" puis "Nissa la Bella" devant Notre-Dame cette nuit se sont déplacés sur une idée de la Populaire Sud, les supporters de l'OGC Nice, après plusieurs messages passés via les comptes des ultras sur les réseaux sociaux ("bouche à oreille et messageries diverses").
La Populaire dénonce les dérapages
Remontés contre "la désinformation et la malhonnêteté de Nice-Matin", les organisateurs ont refusé de répondre officiellement à nos questions, même si plusieurs d'entre eux ont tout de même dialogué avec Nice-Presse après-coup. L'ex-Brigade Sud a publié ce vendredi matin un communiqué, saluant le "bel hommage" rendu aux victimes par ses membres en début de soirée, "né d'un mouvement spontané".
Tout en pointant du doigt les dérapages qui ont émaillé le rassemblement : "Nous condamnons le chant islamophobe lancé" qui n'a "aucun rapport avec nous" souligne la Populaire Sud. "Islam hors d'Europe" a effectivement été entonné dans le cortège avenue Jean-Médecin pendant une poignée de secondes, dans des vidéos relayées sur les réseaux sociaux qui ont provoqué une vive émotion.
Je suis niçoise et musulmane. Si je les croise on me brûle sur la place publique ??? Ça c’est pas ma ville. C’est les égouts qui dégoulinent le long de l’avenue Jean médecin.
— Cat Observator (@oum_shamseddine) October 29, 2020
"Quand je lis dans Nice-Matin aujourd'hui 'un rassemblement de 200 identitaires' j'en suis malade…" témoigne ce matin un supporter présent du début à la fin de l'hommage. Sur les quinze avec qui nous avons échangé depuis hier soir, aucun n'a voulu témoigner sans anonymat, par "méfiance des journalistes", notamment après la couverture qui leur a été réservée.
"Surtout des Niçois meurtris"
"La Populaire s'est élancée en petit groupe vers Notre-Dame. Il y avait une immense majorité de supporters, mais c'était surtout un rassemblements de Niçois meurtris. Tout le monde venait rendre hommage : il n'y avait ni politique, ni slogans, ni rejet de qui que ce soit. Le mot 'manifestation" est complètement innaproprié" nous racontent deux des organisateurs.
"Sur le chemin, du monde nous a rejoint. Parmi eux, sans doute de mecs de droite ou d'extrême droite, ce qui n'a rien d'extraordinaire dans une ville comme Nice. On voit des journalistes dire telle ou telle chose sur le message de notre hommage alors qu'ils sont restés à distance, sans prendre la peine de dialoguer avec nous." Libération rapporte dans sa brève avoir bien essayé, mais sans succès.
Tous les membres de l'ex-Brigade Sud avec qui nous avons échangé, sans nier les liens existant entre les ultras et le milieu identitaire, se disent mal à l'aise après les slogans parfois violents qui ont été lancés hier soir : "quand on entend des chants anti-musulmans alors que certains des organisateurs de notre hommage sont eux-mêmes musulmans, on ne sait pas où se mettre, ça n'a rien à voir avec nous" regrette l'un des meneurs. "Notre initiative était belle. Elle a été salie".
"Nous n'avons pas repris ces chants. Ils n'ont pas duré, à côté de notre belle Marseillaise ou du chant niçois. Mais les médias ont choisi quelle image retenir".