SANTÉ — "Le sujet du renoncement aux soins représente actuellement une des préoccupations majeures des médecins hospitaliers et libéraux" affirme ce jeudi 30 avril Hervé Caël, responsable des urgences de la clinique privée du Parc Impérial à Nice. Pour celui qui est également secrétaire général du Conseil de l’ordre des médecins de Provence-Alpes-Côte d’Azur, il y a un vrai risque de voir se profiler "une deuxième crise sanitaire."
Citant plusieurs données statistiques médicales, le médecin souhaite alerter le plus grand nombre sur la gravité de cette problématique. La fréquentation des cabinets médicaux de ville aurait chuté de 40 à 70% selon les disciplines.
"Par crainte d'être contaminé par le coronavirus, de nombreux patients restent chez eux et diffèrent les consultations de contrôles et de suivis. L'apparition de nouveaux symptômes se trouve négligée et ne donne pas lieu à un indispensable avis médical"
"L'impact de ces attitudes sur quelques jours reste négligeable. Sur plusieurs semaines, ou sur plusieurs mois, ce renoncement aux soins risque de conduire à des situations médicales extrêmement préjudiciables : Décompensation de maladies chroniques, retard de diagnostics et de prise en charge…"
Situation critique
Le docteur Hervé Caël s'alarme aussi sur une "pénurie de produits d'anesthésie".
"Cette problématique devient tellement critique que les autorités viennent de décider d'un nouveau mode d'approvisionnement de ces médicaments pour les hôpitaux et cliniques : Interdiction de passer directement des commandes aux laboratoires pharmaceutiques et gestion centralisée par les ARS (Agence Régionale de Santé)" explique-t-il, avant de développer.
"Il ne peut y avoir de confiance sans transparence. L'épisode lamentable des masques est significatif en la matière"
"La tentative de dissimulation d'une situation de réelle pénurie de moyens de protection a conduit à une véritable cacophonie au plus haut sommet de l'Etat avec un florilège de déclarations multiples et contradictoires."
"Le temps du bilan viendra"
"Nous attendons des autorités politiques et sanitaires un langage de vérité : la tension mondiale sur des produits d'anesthésie oblige la France à différer sine die des interventions chirurgicales médicalement nécessaires" souligne-t-il encore.
"Les médecins prendront une nouvelle fois toutes leurs responsabilités dans cette situation exceptionnelle. Mais ils refusent d'être comptables de décisions qui ne leur incombent en aucune manière. (…) Le temps du bilan viendra."