Près de 1.600 incidents et violences verbales ou physiques à l'égard des médecins ont été recensés en 2023 en France selon des chiffres publiés mardi par l'Observatoire de l'ordre des médecins, soit une hausse "alarmante" de 27% en un an.
"Il est clair qu'il ne s'agit que de la face visible de l'iceberg puisque la grande majorité des médecins ne déclarent pas les incidents", a affirmé le Dr Jean-Jacques Avrane, coordonnateur de l’Observatoire de la sécurité au conseil de l'ordre.
Les médecins généralistes sont "en première ligne", représentant 64% des incidents déclarés alors qu'ils représentent 43% de la population médicale. Parmi les autres professionnels touchés, l'ensemble des spécialités sont concernées, notamment les psychiatres (3%) et les ophtalmologues (2%).
Plus de la moitié de ces 1.581 cas déclarés concernent des agressions par le patient (62%), plus rarement il s'agit d'un accompagnateur (16%), selon cet observatoire.
Plus d'un tiers de ces incidents sont liés à un "reproche relatif à une prise en charge" (38%). Suivent un "refus de prescription" (19%), une "falsification de document" (ordonnance, certificat, 12%) et un "temps d'attente jugé excessif" (10%).
La grande majorité des incidents sont des agressions verbales et des menaces (73%), plus rarement des vols ou tentatives de vols (8%), des agressions physiques (8%) ou du vandalisme (7%). Sur l'ensemble des cas déclarés, 6% ont occasionné une interruption de travail.
Près de 54% des incidents ont lieu en milieu urbain et en centre-ville, tandis qu'un quart (24%) ont lieu en milieu rural où la part des incidents grossit d'année en année (21% en 2022).
"Si on trouve un médecin en milieu rural, il est débordé et plus difficile à joindre, et il est plus difficile de prendre des rendez-vous", relève le Dr Avrane pour expliquer cette hausse.
Le Conseil national de l'ordre des médecins a mis en place un référent de sécurité dans chaque département, ainsi qu'un service d'entraide ordinale pour soutenir et assister les médecins agressés dans les démarches auprès des autorités. Des dispositifs expérimentaux sont par ailleurs en cours d'étude comme les "boutons pressoirs" pour donner l'alerte.
Le Conseil rappelle en outre "qu'il est très important que les médecins portent plainte", en réaction au faible taux d'incidents qui donnent lieu à une plainte (31% des cas).
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