CULTURE — "On m’a déjà dit qu’on pouvait me guérir assez facilement, c’est plutôt pas mal, non ? Cela veut dire que je suis malade. Je l’ignorais". Malade de son accent ? Pour certains, ce n'est pas une particularité avantageuse… Le député LREM de l’Hérault Christophe Euzet vient de déposer une proposition de loi et souhaite "promouvoir la France des accents".
L'accent chantant n'est pas toujours bien vu par les recruteurs. Le combat de cet élu est simple : reconnaître la "glottophobie" comme une discrimination dans le Code du travail et le Code pénal.
Le député s'est expliqué sur LCI : "Le français que nous partageons se décline avec des prononciations très différentes suivant que l’on se trouve à un endroit ou à un autre du pays, et c’est une grande richesse."
Avant de poursuivre :
"Nous sommes dans un pays qui a une forte discrimination par l’accent. Quand on a un accent du Sud, de l’Est, ou des îles un peu prononcé, des sphères d’expression publique se bouchent, il y a discrimination à l’embauche. Par exemple : il n’y a pas de gens du Sud dans les médias audiovisuels. Pourtant, nous sommes des dizaines de millions à avoir l’accent du Sud, de l’Est, du Nord !"
Si la proposition de loi est adoptée, la discrimination par l’accent rejoindrait la liste de celles qui figurent dans l’article 225-1 du Code pénal.
Elle deviendrait alors un délit puni de trois ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende.
Pour le député, il ne s’agit pas de "refonder le Code pénal" mais bien de prendre en considération ce sujet, qui est pour lui, "essentiel".
Un phénomène parisien
Cette discrimination serait concentrée essentiellement à Paris, selon le chargé de recherches Mathieu Avanzi, cité par nos confrères de la Dépêche : "Le français de Paris se considère clairement au-dessus des autres français. La bourgeoisie parisienne cultivée a donné le français de référence".
Christophe Euzet en est également conscient : "Ce n’est pas ma proposition de loi qui va changer les choses du jour au lendemain. Ce n’est pas une croisade. Je veux mettre le problème sur la place publique, je veux une prise de conscience."