Christian Estrosi avait rapidement interpellé le procureur, après avoir réclamé publiquement des excuses. L'OGC Nice reste silencieux, alors qu'un second joueur, Jean-Clair Todibo, est lui aussi au centre des critiques, pour des faits bien moins graves.
Les excuses ne suffiront pas. Ce lundi 16 octobre, le Parquet de Nice annonce l'ouverture d'une enquête préliminaire des chefs "d’apologie du terrorisme et provocation à la haine ou à la violence d’une religion déterminée" à l'encontre de l'Aiglon Youcef Atal, 27 ans.
Le procureur Damien Martinelli indique avoir été saisi dans le cadre d’un article 40 — le signalement d'un éventuel crime ou délit dont une autorité a connaissance — par le préfet des Alpes-Maritimes, Hugues Moutouh, et par le maire, Christian Estrosi.
Le joueur avait publié ce week-end sur son compte Instagram la vidéo du prédicateur palestinien Mahmoud al-Hasanat, demandant à Dieu d’envoyer "un jour noir sur les Juifs" et "d'accompagner la main" des habitants de Gaza "s’ils jettent la pierre".
Le sportif s'était excusé — à la demande du club et avec une tournure très officielle — via le même canal, dimanche :
📲 Youcef Atal prend la parole et demande pardon. #OGCNice
(Instagram) pic.twitter.com/f1L9sevdSi— Axel (@SolamenNissa) October 15, 2023
Pour autant, lundi, le président des Républicains Éric Ciotti appelait à son retrait de l'OGC Nice sur France Bleu Azur, et, déjà, au lancement d'une instruction judiciaire.
Dès vendredi, le conseiller régional Reconquête Philippe Vardon notait sur X (ex-Twitter) : "Ce joueur n’est pas digne de porter les couleurs de Nice, ville martyre du terrorisme islamiste, ça suffit". Le conseil de l'éthique de la Fédération française de football a été saisi.
Dimanche, Le Parisien (article abonnés), citant l’entourage de l'OGCN, l'accusait de faire "partie de cette génération qui est fondamentalement antisémite par éducation", tout en nuançant : "c'est, en plus, quelqu’un qui n’a pas reçu une grande éducation". Un proche le décrit comme étant "dénué de méchanceté / pas salafiste du tout", mais plutôt victime de son statut de star en Algérie.
Rappelons qu'après l'attentat de 2020 commis dans une basilique de Nice, le même Youcef Atal avait été critiqué pour avoir "liké" un post de Khabib Nurmagomedov, champion du monde des poids légers d’arts martiaux mixtes (MMA), au sujet des caricatures du prophète. D'après lui, elles "défient le seigneur des mondes", raison pour laquelle il souhaitait alors "Qu’Allah écrase de son châtiment" ceux qui ont offensé Mahomet. Le joueur de l'OGC Nice avait ensuite assuré avoir approuvé le message sur un plan sportif, tout en condamnant le terrorisme.
Depuis le début de la polémique, le club reste très discret.
En Algérie, on dénonce un "acharnement"
Le journal TSA, l'un des plus lus en Algérie, dénonce un "acharnement médiatique" à l'encontre de Youcef Atal, avec un article du Parisien "à la teneur tout simplement exécrable". Il faut y voir, est-il écrit, "un racisme primaire" du côté de certaines rédactions françaises. Double peine : toujours d'après nos confrères, le footballeur est aussi "lynché" par certains compatriotes qui lui reprochent de s'êtres excusé auprès des Juifs. "Cela dit, le joueur est massivement soutenu en Algérie" avance-t-ils encore.
ObservAlgérie, site web très populaire également, note que "malgré son mea-culpa, Youcef Atal ne semble pas être lâché par certains responsables politiques en France, notamment de la droite et de l'extrême droite". Et de pointer un député niçois, accusé d'être "un pourfendeur de tout ce qui touche aux Algériens et à l’Algérie".
Todibo devra "s'expliquer"
Par ailleurs, tel que l'indique RMC Sport, le Conseil National de l'éthique de la FFF a décidé de demander à Jean-Clair Todibo, lui aussi joueur de l'OGC Nice et de l'équipe de France, "des explications" sur son comportement pendant la minute de silence du match Pays Bas-France, vendredi dernier.
Provoquant un certain malaise sur les réseaux sociaux, il avait été surpris en train de rire lors de la minute de silence dédiée aux victimes en Israël et Gaza, mais aussi à Dominique Bernard, professeur tué par un terroriste à Arras.