Largement médiatisée ces dernières années, la chute d'enseignes iconiques de mode a marqué les esprits mais le secteur est en réalité en souffrance depuis une dizaine d'années en France, dévoile mardi une étude de l'Insee.
Tout n'a pas commencé avec la crise du Covid, même si celle-ci a "durement" touché les magasins de vêtements et de chaussures en France, qui ont dû fermer au plus fort de la pandémie.
Un décrochage plus violent pour ce secteur que pour le reste du commerce de détail : "En 2020, le volume des ventes a reculé de 22,6% dans l’habillement et de 19,8% dans la chaussure alors qu'il n’a diminué que de 2,5% dans l’ensemble du commerce de détail", constate l'Insee.
L'institut a publié mardi une synthèse intitulée "Les difficultés s’accumulent pour les magasins d’habillement-chaussures depuis les années 2010".
On y apprend qu'entre 2019 et 2023, le chiffre d’affaires en volume des magasins d’habillement ou de chaussures augmente légèrement (+0,7%) "mais nettement moins que celui de l'ensemble du commerce de détail (+7,8%)".
Car de fait, si le Covid a ébranlé le secteur, son chiffre d'affaires "a commencé à ralentir par rapport à l’ensemble du commerce de détail durant la décennie 2010", selon l'Insee.
L'institut formule plusieurs hypothèses pour expliquer ce ralentissement, parmi lesquelles "la concurrence des spécialistes de la vente en ligne et des magasins d’articles de sport", l'intérêt pour la seconde main ou encore le succès "de nouveaux grands acteurs de la vente directe depuis l’étranger" comme Amazon, Shein et Temu.
Ainsi, "entre 2014 et 2021, le nombre de magasins en France a fortement baissé : ‑17,9% pour l’habillement et ‑26,4% pour la chaussure".
L'emploi a mécaniquement diminué, baissant entre 2011 et 2022, de 5,9% en équivalent temps plein, "alors qu’il augmente de 9,6% dans l’ensemble du commerce de détail".
En 2023, le chiffre d’affaires de ces magasins spécialisés s’établissait à 39 milliards d’euros - dont 34 pour l’habillement et 5 pour les chaussures. Ce chiffre ne comprend pas les ventes des grands spécialistes en ligne ni celles des magasins de sport.
Et en 2022, "les magasins appartenant à une grande entreprise réalisaient 17% du chiffre d’affaires du secteur, contre 48% pour les magasins des entreprises de taille intermédiaire (ETI) et 35% pour ceux des petites et moyennes entreprises (PME)".
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