Faits divers - Une société de traitement des déchets basée dans le Var, qui remportait des marchés grâce à ses prix très bas, sera jugée le 1er avril pour avoir illégalement stocké, enfoui ou transféré en Espagne des centaines de tonnes de détritus, a annoncé le parquet de Draguignan (Var) vendredi.
La société Ecorecept, basée près de Brignoles, est poursuivie pour des infractions au code de l'environnement concernant les règles de transfert de déchets à l'étranger, pour gestion irrégulière de déchets, mais aussi pour faux, usage de faux et blanchiment aggravé du produit de ces délits.
Les gains de ces infractions pour l'entreprise et le montant du préjudice environnemental sont estimés à 10 millions d’euros, a précisé le parquet de Draguignan dans un communiqué.
L'entreprise Ecorecept, aujourd'hui liquidée, avait remporté plusieurs marchés publics de traitement des déchets, "notamment pour la métropole toulonnaise et l'agglomération de Brignoles", et ce grâce à ses tarifs "très bas", a rappelé le parquet.
Ces pratiques "très concurrentielles" ont été rendues possibles en violant les règles de prise en charge des déchets, violations mises au jour par le pôle économique, financier et environnement du parquet en 2023.
Les enquêteurs ont ainsi découvert que les déchets reçus par les sites de traitement de La Garde et Six-Fours, sur le littoral, n'étaient pas traités pour recyclage mais stockés sur des sites déjà saturés.
Des centaines de tonnes de déchets ont aussi été illégalement transférées en Espagne, et des "milliers de tonnes" enfouies illégalement dans une carrière.
Au cours de l'enquête ont également été saisis 2,5 millions d'euros "d'avoirs criminels", biens immobiliers, bateaux et comptes bancaires.
La société et son dirigeant, Stéphane Bonifay, par ailleurs vice-président de la Chambre de commerce et d'industrie du Var, sont convoqués devant le tribunal correctionnel de Draguignan le 1er avril 2025.
Le dirigeant d'Ecorecept avait précédemment été mis en examen pour une histoire de véhicules incendiés pour affaiblir un concurrent et pour des faits de "destruction en bande organisée".
En 2021, ce tribunal de Draguignan avait condamné à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, le "cerveau" d'une véritable "mafia des déchets" accusée d'avoir déversé des milliers de tonnes de gravats sur la Côte d'Azur. Il avait surtout condamné les 17 prévenus à remettre en état les terrains pollués.