Le niveau de natalité se situe à un haut niveau dans les Alpes-Maritimes, ce qui est loin d'être le cas à l'échelle nationale.
Davantage de bébés pour sauver les pensions : en filigrane de la réforme des retraites, vivement contestée en France, la droite et l'extrême droite ont relancé un débat sur la natalité, en berne depuis plusieurs années, au grand dam notamment de l'opposition de gauche.
Le président français Emmanuel Macron a lancé une réforme visant à faire passer l'âge de départ minimal en retraite à 64 ans, contre 62 ans aujourd'hui, poussant des centaines de milliers de Français dans la rue ces dernières semaines.
En France, il y a aujourd'hui 1,7 actif pour un retraité, et il y en aura sans doute 1,2 seulement en 2070, selon le Conseil d'orientation des retraites. Dans le même temps, le taux de fécondité est tombé à 1,83 enfant par femme, en dessous du seuil de renouvellement des générations.
La droite ne manque pas de faire le rapprochement : "l'évolution démographique constitue, à terme, la première source de déséquilibre du régime des retraites", affirme le président du parti Les Républicains (LR), Eric Ciotti.
Le chef de file du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, répète de son côté que la pérennité du système des retraites passe par "deux leviers : la natalité, avec une grande politique nataliste, et la productivité".
Tous dénoncent un affaiblissement de la politique familiale depuis le quinquennat du président socialiste François Hollande (2012-2017): modulation des allocations familiales en fonction des revenus du foyer (alors qu'elles étaient identiques pour tous précédemment), diminution de la prestation d'accueil du jeune enfant et modification du quotient familial pour le calcul de l'impôt sur le revenu, qui "ont mis à mal la natalité dans notre pays", selon la numéro 3 de LR, Annie Genevard.
Le gouvernement actuel de centre-droit d'Elisabeth Borne n'échappe pas aux critiques, même s'il souhaite remettre à plat d'ici l'été les droits liés à la maternité et les pensions de réversion.
Les Républicains comptent relancer le sujet dès la semaine prochaine, lorsque la réforme des retraites arrivera au Sénat où la droite est majoritaire.
"L'impensé du gouvernement pour cette réforme des retraites est la politique familiale", affirme à l'AFP le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, qui entend "l'introduire dans le texte au Sénat".
Quels leviers LR pourrait-il actionner ? Début février, M. Retailleau avait évoqué des mesures sur l'âge de départ des mères de familles ayant élevé au moins trois enfants.
"Lâchez nos utérus!"
Le sujet a déjà donné lieu à un débat animé à l'Assemblée nationale, au grand agacement de l'opposition de gauche. "Lâchez nos utérus !", a lancé le 15 février l'écologiste Sandrine Rousseau, arguant que les "ventres (des femmes) ne sont pas la variable d'ajustement de la réforme des retraites".
La députée de la majorité présidentielle Prisca Thévenot s'est elle aussi agacée de voir les femmes réduites à "un utérus" destinées à "régler le problème de la société par la natalité".
La droite venait d'exposer ses pistes en matière de politique familiale, LR réclamant une modulation d'un impôt, la CSG, pour les mères de famille en fonction du nombre d'enfants à charge.
Le Rassemblement national a pour sa part remis sur le tapis ses demandes de part fiscale pleine pour le deuxième enfant, qui permettrait ainsi un allègement fiscal plus important, et surtout d'allocations familiales réservées aux Français (ou aux personnes ayant travaillé cinq ans en France), même si plusieurs experts mettent en avant le risque d'inconstitutionnalité d'une telle proposition.
Des demandes au cœur de la politique nataliste défendue de longue date par l'extrême droite, qui avait même déposé en septembre une proposition de résolution à l'Assemblée pour "déclarer la natalité française Grande cause nationale 2024 " face à une "immigration de peuplement".
En la matière, le RN reconnaît s'inspirer des politiques de "natalité ambitieuses" de la Hongrie et de la Pologne.
Le sujet n'a pas fini de rebondir alors que se profile le débat autour du projet de loi immigration, à partir du 28 mars au Sénat.
Là aussi, le RN voit un lien avec la natalité : "Je préfère qu'on fabrique des travailleurs français plutôt qu'on les importe", affirmait récemment le porte-parole du parti d'extrême droite Sébastien Chenu.
La droite républicaine tient un discours plus modéré. Mais certains n'ont pas oublié les propos de Jean-Paul Delevoye, alors Haut-Commissaire aux retraites, qui en 2019 avait chiffré à "50 millions" le nombre de travailleurs immigrés nécessaires "pour équilibrer la population active en Europe en 2050".