Fatigué d’attendre des mesures de soutien au secteur immobilier depuis plus d’un an, le président de la Capeb, syndicat représentant les artisans du bâtiment, a tiré la sonnette d’alarme jeudi, dénonçant un "ras-le-bol grandissant" dans une filière fragilisée par la crise immobilière.
"Nous attendons des arbitrages cruciaux depuis plus d’un an", notamment sur le soutien à la rénovation du parc immobilier et l’apprentissage dans les petites entreprises, a déclaré Jean-Christophe Repon, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), dans un entretien avec l’AFP.
Malgré la signature, en dernière minute avant la démission du gouvernement Barnier, d’un décret garantissant la stabilité de MaPrimeRénov’ en 2025, la Capeb déplore que ses "propositions de bon sens" soient freinées par l’incertitude politique créée par la dissolution de l’Assemblée nationale, comme elle l’a souligné dans un communiqué publié jeudi.
Jean-Christophe Repon défend des "propositions responsables" qui ne pèsent pas sur le budget de l’État et visent à offrir un "accès au marché", plutôt qu’à fournir une "perfusion au secteur du bâtiment". Parmi elles, il cite des mesures telles que la réduction des taux de TVA et l’augmentation des subventions pour la rénovation énergétique, susceptibles de générer "activité économique et recettes fiscales".
"Je suis épuisé de répéter nos demandes sans pouvoir répondre aux artisans sur l’avancée des dossiers que nous portons", regrette-t-il, évoquant un sentiment de frustration et d’incompréhension dans la profession.
L’activité des artisans du bâtiment a reculé pour le cinquième trimestre consécutif, avec une baisse de 5 % au troisième trimestre 2024 par rapport à la même période de 2023.
"Pour l’instant, les carnets de commandes tiennent le coup", précise M. Repon. Toutefois, "entre 7.000 et 9.000 emplois ont été perdus en 2023, alors que nous devrions en créer" pour répondre aux besoins pressants de rénovation énergétique.
Le président de la Capeb souligne également une baisse d’environ 7 % du nombre d’apprentis par rapport à l’année précédente, un indicateur révélateur du recul de l’activité. "Les entreprises ne recrutent pas d’apprentis car elles ne peuvent se projeter à deux ans", explique-t-il.
Dans ce contexte difficile, de nombreuses entreprises ferment leurs portes : entre novembre 2023 et octobre 2024, la Banque de France a recensé 14.214 défaillances dans le secteur de la construction, dont 14.121 concernent des PME.