Il y a quarante ans, le 10 mai 1981, François Mitterrand était élu président, et pour la première fois depuis l'instauration de la Ve République, un homme de gauche accédait à l'Élysée. Cinq questions à Patrick Allemand, chef de file des socialistes dans l'opposition municipale niçoise pendant de nombreuses années et ancien vice-président de notre conseil régional.
1. Quel souvenir avez-vous gardé du 10 mai 81 ?
Patrick Allemand : "Ça évoque pour moi une journée extraordinaire. Dans les rues, il y avait la même ambiance que pour la Coupe du monde, beaucoup de monde, de joie. J'étais jeune (21 ans, NDLR) et je m'étais fait cette réflexion 'tiens, je ne savais pas qu'il y avait autant de gens de gauche à Nice' (rires). C'était très marrant parce qu'il y avait des fenêtres allumées où on voyait que les gens faisaient la fête… et d'autres qui étaient complètement éteintes."
2. Que reste-t-il de ces années-là dans nos vies ?
"Je retiens les réformes qui ont été menées dans les premières années. En ce moment il y a une petite musique, notamment à gauche puisqu'on adore s'auto-flageller, où on dit qu'il ne reste rien de cet héritage. Je ne suis pas du tout d'accord. On a reculé sur les retraites, mais les acquis sociaux sont là, les réformes sociétales, les libertés : la suppression de la peine de mort, celle du du délit d'homosexualité, les radios libres, la fête de la musique…"
3. Mitterand a-t-il marqué votre parcours d'homme politique de gauche ?
"Je ne m'en suis pas inspiré, mais j'en ai tenu compte. Je n'étais pas mitterandiste, mais rocardien. Mais on avait tous envie qu'il réussisse."
4. La gauche a réussi à plus ou moins s'unir dans la perspective des régionales de juin prochain. Ça vous rassure ?
"Cette union est imparfaite mais elle a le mérite d'exister. Malheureusement, il y aura trois listes, avec celle de la France Insoumise et celle de Governatori (une formation écolo concurrente, NDLR). Mais celle de l'union de la gauche se dégage. On entre dans une campagne inédite. Ce qui m'inquiète, c'est avec une droite qui n'est pas dans un état extraordinaire, et une gauche qui n'est pas assez rassemblée, c'est que je n'ai jamais autant eu peur d'une victoire du Rassemblement national qu'aujourd'hui"
5. Que reste-t-il de la gauche à Nice ?
"Ça ne va pas fort, mais c'est conjoncturel. On va voir comment ça va se passer aux élections régionales. Il y a un renouvellement élevé. On va voir si cela suffira pour réveiller l'électorat de gauche ou si le malaise est plus profond. Mais même dans ce cas-là, rien ne serait définitif. Il y aura un congrès du PS en septembre : la gauche a toujours gagné quand le parti était fort."