Acteurs clés de la transition écologique, les collectivités devront "plus que doubler" chaque année, d'ici 2030, leurs investissements en faveur du climat pour espérer atteindre les objectifs de neutralité carbone fixés par la France, une équation aujourd'hui impossible, révèle une étude publiée vendredi.
Les collectivités, qui représentaient 64% de l'investissement public en 2022, ont un "rôle majeur à jouer" dans la décarbonation des transports ou la rénovation du bâti public, rappelle une étude de l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE) et de La Banque Postale.
Entre 2017 et 2022, leurs investissements en faveur du climat ont augmenté de 44% pour atteindre 8,3 milliards d'euros, hausse qui s'est poursuivie en 2023, à dix milliards d'euros.
Cette hausse, partiellement due à l'inflation, concerne essentiellement la mobilité électrique, les transports collectifs et la rénovation énergétique des bâtiments publics.
Elle reste cependant, selon les auteurs, bien en deçà des enjeux de planification écologique. La France ambitionne d'atteindre la neutralité carbone en 2050 et s'est engagée à réduire de 50% ses émissions brutes de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990.
Selon I4CE, cela nécessiterait en moyenne 11 milliards d'euros d'investissements supplémentaires par an d'ici à 2030 par rapport à 2022, soit 19 milliards au total dans le bâtiment, les transports et l'énergie.
Quatre leviers de financement doivent être mobilisés simultanément : redirection des investissements en faveur de la transition écologique, recours accumulé à l'emprunt pour financer les investissements, mobilisation des ressources propres à travers la fiscalité et les tarifs, soutien de l'Etat "plus stable et prévisible dans le temps".
Dans un contexte de dérapage du déficit de la France qui fait craindre aux collectivités des coupes claires dans leur budget, les appelants à "ne pas brouiller le signal envoyé aux acteurs locaux".
Ils estiment en outre que le cadre posé par la loi de programmation des finances publiques 2023-2027 et par le programme de stabilité d'avril 2024 est largement "incompatible avec une accélération des investissements locaux à la hauteur des besoins".
Ce cadre suppose de faire un désendettement rapide des collectivités grâce à une diminution nette de leurs dépenses de fonctionnement et une diminution de leurs dépenses d'investissement.
Selon les auteurs, l'enjeu écologique impose au contraire de définir une nouvelle trajectoire de finances locales, "plus rationnelle" et bâtie "en cohérence" avec la stratégie pluriannuelle de financement de la transition écologique, dont l'adoption est prévue cet automne.
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