En proposant de supprimer le délit d'apologie du terrorisme, La France insoumise s'est attirée de nombreuses condamnations sur l'échiquier politique, à droite et chez les macronistes, mais aussi une vive réplique du PS. Avec en toile de fond la question de l'antisémitisme.
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Les députés LFI ont déposé une proposition de loi visant à abroger le délit d'apologie du terrorisme du code pénal, qui a selon eux accentué "l'instrumentalisation de la lutte antiterroriste" contre la "liberté d'expression".
Le texte, déposé par le député du Nord Ugo Bernalicis, veut supprimer ce délit créé par une loi de 2014, estimant qu'en la matière suffit "la loi du 29 juillet 1881 traitant des faits relevant des délits d'apologie de crime, d'apologie de crime de guerre, d'apologie de crime contre l'humanité".
Les condamnations se sont additionnées samedi chez les macronistes comme à droite, le ministre (LR) de l'Intérieur Bruno Retailleau jugeant "difficile de faire plus ignoble".
Face aux critiques, le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon a dénoncé "une nouvelle agression contre LFI venue de l'extrême droite et servilement reprise par l'officialité médiaticopolitique". "Plutôt que de se faire des films, lire le texte de la proposition de loi", dit-il.
PS : "ne pas sombrer dans les provocations"
Sanchez est le pdt socialiste du gouvernement espagnol. Il est aussi le pdt de l’internationale 🌹. Il a fait ce que LFI n’a pas fait. Il a évité de marginaliser la défense des palestiniens en ne sombrant pas dans les provocations et en refusant de considérer l’antisémitisme… https://t.co/GfL7GwpuLO
— Olivier Faure (@faureolivier) November 23, 2024
Mais la controverse a également percé à gauche, avec une cinglante réplique du premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, revenant également sur les critiques de M. Mélenchon contre le chancelier socialiste allemand Olaf Scholz sur sa position envers la décision de la Cour pénale internationale à l'égard du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
"Je regrette la position allemande qui n'est pas la mienne, mais au même moment je ne dépose pas (un texte) qui abroge purement et simplement le délit d'apologie du terrorisme, dont la définition demande seulement à être précisée pour en éviter les dérives. Il est impératif de protéger les libertés publiques mais aussi de protéger les Français du fanatisme et des appels à la violence et la haine", écrit sur X Olivier Faure.
Les socialistes évitent "de marginaliser la défense des Palestiniens en ne sombrant pas dans les provocations et en refusant de considérer l'antisémitisme comme résiduel", grince encore le patron du PS, reprenant un terme utilisé par Jean-Luc Mélenchon. Et d'accuser LFI de "diviser" le "camp de la paix" et de chercher à "instrumentaliser électoralement la tragédie".
Des cadres LFI déjà accusés d'apologie
Dans leur proposition de loi, les Insoumis demandent "quelle démocratie peut encore conserver son nom, lorsque les méthodes de l'antiterrorisme sont utilisées pour réprimer des militants politiques, des militants associatifs, des journalistes ou encore des syndicalistes".
Le député LFI mentionne sa présidente de groupe, Mathilde Panot, et l'eurodéputée LFI Rima Hassan, entendues en avril par la police judiciaire parisienne dans le cadre d'enquêtes pour "apologie du terrorisme".
Mme Panot avait été entendue au sujet du communiqué publié par son groupe le 7 octobre 2023, dans lequel l'attaque du Hamas en Israël avait été décrite comme "une offensive armée de forces palestiniennes" dans un "contexte d'intensification de la politique d'occupation israélienne" de territoires palestiniens.
Christian Estrosi : "des ennemis de la République"
"C’est uniquement de la com car ils savent bien que cela n’aboutira pas. Heureusement. Il faut donc retenir qu’ils en ont fait un choix de com. Pour se faire encore un peu plus les idiots utiles des djihadistes et collabos des régimes, idéologies et organisations fascistes" bombarde le maire de Cannes et président des maires de France (AMF), David Lisnard (Les Républicains / Nouvelle énergie).
"Certains prétendent que l’islamo-gauchisme est un fantasme de l’extrême droite. Les ouailles LFIstes à l’Assemblée, dans certaines écoles, universités, médias et organismes publics, etc, prouvent chaque jour le contraire. Où sont les expressions de soutien à Boualem Sansal ?" Une allusion à la situation de cet écrivain, dernier président du Festival du Livre de Nice, actuellement emprisonné par le régime algérien.
Christian Estrosi a déjà réclamé à plusieurs reprises la dissolution du parti. Même esprit ce week-end pour le maire de Nice (Horizons) : "On les savait en dehors de la République, ils démontrent, avec cette proposition de loi, provocation ignoble, qu’ils en sont les ennemis. Ce texte est une insulte de tous ceux qui l’ont signé envoyée à la figure des victimes des attentats terroristes, en France et dans le monde."
Le vice-président de la Métropole niçoise Gaël Nofri abonde : "Un parti qui propose d'abroger le délit d'apologie du terrorisme pour pouvoir continuer à faire l'apologie du terrorisme n'est-il pas un parti terroriste ? Dissolution de LFI !"
De son côté, Eric Ciotti, député UDR du centre-ville, répond avec un angle politicien : "Une proposition de loi de la honte. Une infamie de plus des Insoumis mais n’oublions jamais que les macronistes et les LR se sont alliés avec eux pour empêcher la victoire de l’union des droites."