La rue Cassini a eu le droit à un véritable coup de neuf à Nice. Parmi les changements : la création d'une piste cyclable bidirectionnelle. Manque de visibilité, stationnement gênant… Pour l'heure, elle n'emballe pas les habitués.
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Cela fait quasiment un an que la rue Cassini profite de son nouvel élan. Le 11 novembre 2023, la requalification de cet axe, reliant Garibaldi au Port Lympia, était officiellement terminée. Bien plus de verdure avec 55 arbres plantés, suppression des places de stationnement, circulation réduite à une voie, trottoirs repris et élargis… De nombreux aménagements, salués, pour donner un second souffle au quartier. Au fil de notre reportage réalisé quelques jours après la fin des travaux, les avis étaient d'ailleurs, pour la plupart, positifs.
Parmi les nouveautés, on retrouve une piste cyclable bidirectionnelle sécurisée. Celle-ci avait d'ailleurs fait parler d'elle. Et pour cause : elle se terminait, pour ainsi dire, à l’angle Cassini-Garibaldi, obligeant donc les cyclistes à emprunter la route pour poursuivre.
Un problème rapidement plus-ou-moins résolu : la bande cyclable passe sur la place… même si elle ne se distingue pas tellement. Et le problème est là, justement.
"C'est dangereux"
Pour Lisa "les nouvelles pistes cyclables sont assez bien faites dans l'ensemble. Ça manquait à Nice, c'était un peu vieillissant. Mais à Cassini, on ne se sent pas forcément à l'aise. C'est dangereux. Les piétons ne se rendent même pas compte qu'ils sont sur une piste cyclable, du coup, les usagers doivent slalomer entre eux. C'est ambigu, on s'y perd".
La municipalité avait pensé à un revêtement de couleur, pour que chacun comprenne bien l'utilité de la voie. Refus net de l'Architecte des bâtiments de France, selon la Ville. Conséquemment, touristes comme riverains ne sont régulièrement pas très loin de finir sous les roues des cyclistes… Heureusement, leur vitesse reste limitée dans ce coin-ci.
Du côté de Sandrine, "en tant que piétonne, ça me brouille. C'est stressant, on doit regarder les véhicules, les vélos…" En plus, "on ne voit pas forcément la démarcation, et donc là où l'on peut marcher (quand on arrive sur la place Garibaldi en remontant la rue Cassini, NDLR). On a peur de se prendre des cyclistes et de gêner, sans s'en rendre compte". À cela s'ajoutent les voitures qui se garent sur le trottoir et voies cyclables. "C'est un peu pénible".
Laurence fait partie du collectif Nice à Vélo. Pour elle, ces stationnements là, "ce n'est pas normal. Ils devraient être verbalisés. Tous les matins, je traverse par ici : il y a des camions sur les pistes, c'est dangereux. Sinon il faudrait peut-être leur donner une tranche horaire pour les livraisons, afin d'essayer de vivre ensemble. Ça pourrait être une solution".
"C'est la galère"
Et justement qu'en disent les commerçants, les principaux concernés ?
"C'est très compliqué pour nos livraisons" affirme Pascal Ponroy du glacier du Pin. "La place dédiée la plus proche est très souvent prise, notamment par des personnes qui vont sur des chantiers à côté…".
"La police municipale est assez tolérante quand les camions se mettent à cheval sur la piste cyclable ou la chaussée. Les livreurs n'ont pas vraiment d'autres choix. Par exemple, dans mon cas, c'est de la glace. Il faut donc aller vite pour la récupérer…"
"Que les piétons et les cyclistes se plaignent c'est tout à fait entendable. Il faut prendre des décisions claires et simples et savoir si on piétonnise le centre-ville ou non. L'entre-deux, ça ne fonctionne pas. La cohabitation entre les voitures, les taxis, les vélos, les trottinettes… C'est l'anarchie totale, ce n'est simple pour personne".
Toujours le long de la rue, Marie est directrice de l'établissement Le Marchand Bio - Les Comptoirs. Pour elle aussi, "c'est compliqué". "Le camion qui vient ne rentre pas, il ne peut pas être déchargé. Ils sont obligés de se mettre en double-file sur la piste cyclable. Sauf que le soir, ils se font constamment aligner". Résultat ? "Les livreurs ne viennent plus que le matin à présent. Ils ne veulent plus faire les deux".
De manière générale, "on a perdu pas mal de clientèle depuis les travaux. Des clients venaient véhiculés, mais aujourd'hui, ils ne peuvent plus se garer facilement. En plus de ça, pendant un moment, le parking du quartier était en travaux. C'est infernal…"