Dans les Alpes-Maritimes, le nombre de demandeurs d’emploi repart à la hausse. Après une accalmie en 2024, les chiffres de septembre 2025 confirment un frémissement inquiétant du chômage, dans un contexte national lui aussi tendu. Mais le département azuréen reste loin d’être un cas isolé en région PACA.
Un vent de méfiance soufflerait sur le marché du travail niçois. Les derniers chiffres de France Travail montrent que les Alpes-Maritimes comptent 115.840 demandeurs d’emploi en septembre 2025, contre 99.660 un an plus tôt. Une progression de plus de 16 %, qui illustre la nervosité d’un tissu économique dépendant du tourisme, des services et des emplois saisonniers.
Hausse plus marquée qu’ailleurs en Provence-Alpes-Côte d’Azur
Si la région PACA entière est touchée par la remontée du chômage, les Alpes-Maritimes se distinguent par une hausse plus rapide que ses voisins. Le Var enregistre 124.330 inscrits, contre 94.790 un an auparavant, soit une augmentation comparable mais légèrement moindre en rythme annuel. Dans les Bouches-du-Rhône, le nombre de demandeurs grimpe à 270.250, en hausse d’environ 25 % sur douze mois, tandis que le Vaucluse dépasse les 75.000 inscrits, une progression d’un peu plus de 13 %.
La poussée maralpine se situe dans la moyenne régionale, mais elle s’inscrit dans un mouvement généralisé. Tous les départements de Provence-Alpes-Côte d’Azur voient leur marché de l’emploi s’alourdir depuis le début de l’année 2025, après une année 2024 marquée par une embellie relative. En janvier 2025, les Alpes-Maritimes affichaient déjà 117.480 inscrits, conséquence directe de la nouvelle catégorisation de France Travail et de l’application du décret sur les parcours d’accompagnement.
Tendance nationale en toile de fond
À l’échelle de la France métropolitaine, le nombre de demandeurs d’emploi en catégories A, B et C atteint 5,7 millions au troisième trimestre 2025. La hausse nationale de 1,5 % sur le trimestre et de 5,3 % sur un an donne le ton. Dans ce contexte, les Alpes-Maritimes ne dérogent pas à la règle. Le département connaît un rebond plus rapide qu’à l’échelle du pays, mais sans excès par rapport à la dynamique régionale.
Les chiffres montrent aussi une particularité locale : le marché du travail azuréen se révèle extrêmement sensible aux variations saisonnières. Le creux observé au cœur de l’été 2024, avec un peu moins de 100.000 inscrits, avait entretenu l’illusion d’une reprise durable. Un an plus tard, la courbe s’est inversée. La baisse des radiations au niveau national (seulement 2000 par mois en moyenne au troisième trimestre contre 45.000 en début d’année) contribue mécaniquement à cette hausse apparente du nombre d’inscrits, tout comme l’élargissement des publics suivis par France Travail.
Fragilités structurelles du département
Les observateurs soulignent un paradoxe typiquement niçois. Derrière les chiffres, la réalité du marché local reste morcelée. D’un côté, un secteur tertiaire qui pèse lourd, mais qui demeure tributaire du calendrier touristique. De l’autre, une industrie réduite à la portion congrue et un bâtiment en manque de bras qualifiés. Ce déséquilibre structurel explique pourquoi la conjoncture nationale y produit des effets amplifiés.
La dynamique reste en outre affectée par les transformations du tissu économique. Les métiers de l’hôtellerie et de la restauration, longtemps piliers de l’emploi local, peinent à retrouver leur stabilité d’avant-crise. Les emplois numériques et technologiques, concentrés autour de Sophia Antipolis, amortissent la chute, mais ne suffisent pas à inverser la tendance. L’écart entre actifs qualifiés et emplois accessibles demeure profond, laissant sur le bord de la route une partie croissante des demandeurs d’emploi de longue durée.
Alors que s’ouvre le dernier trimestre de 2025, la prudence domine. Les professionnels de l’emploi évoquent une « stabilisation fragile » pour les mois à venir. Si l’activité touristique d’hiver et les recrutements saisonniers des stations alpines offrent un répit ponctuel, le fond du problème reste entier.



