La Métropole présentait aux élus et journalistes ce 7 novembre les premiers résultats de son "Plan Climat 2019-2025". L'opposition critique ce pré-bilan, mais l'exécutif local maintient tous ses objectifs, en particulier sur la qualité de l'air. Revue des arguments.
Sommaire
"Nous sommes en train de sortir du tunnel"
À quel point la pollution a-t-elle reculé à Nice ces dernières années ? Eléments de réponse ce jeudi, avec la séance de rentrée du conseil métropolitain. Le vice-président de Nice-Côte d'Azur, Richard Chemla, a pu égrener les premiers résultats du Plan Climat azuréen, jusqu'en 2022 : sur dix ans, les gaz à effet de serre ont reculé chez nous de 12 %, selon Atmosud, et la consommation d'énergie de 5,5 %.
"45 tonnes de CO2 ont été économisées". Raison pour laquelle, estime le "monsieur planète" de la Métropole, "nous sommes en train de sortir du tunnel". Le temps de traitement des données étant très long, indique la collectivité, il faudra attendre pour consulter les plus récentes.
"Les résultats sont mauvais"
"Ce pré-bilan confirme ce que nous redoutions : les résultats sont mauvais" attaque en réponse Juliette Chesnel-Le Roux, du groupe de l'opposition verte. "Le document est incomplet, puisqu'il ne donne pas d'informations sur le traitement des déchets, et sur la bétonisation".
Pour son groupe, les différentes baisses notées sont insuffisantes : "les gaz à effet de serre n'ont reculé sur cette période que 'grâce' aux confinements du Covid. Sinon, les émissions progressent sur la métropole. Vous évoquez seulement -12 %, alors que vous promettiez 22 % de baisse en 2025, et 55 % en 2030. Et ce sont les mêmes proportions pour les autres indicateurs. Ce bilan est déplorable. Puisque vous soutenez l'extension de l'aéroport, cela ne risque pas de s'arranger. Pas davantage avec l'urbanisation de la Plaine du Var…"
"Quant aux énergies renouvelables, elles ne représentent que 8 % de ce dont nous disposons, et cela n'évolue pas. Alors que vous ambitionnez 18 % en 2026. Ce retard est difficilement rattrapable".
"Nos objectifs seront bel et bien tenus"
En réponse, le vice-président Richard Chemla a dit compter sur "l'adaptation du réseau aérien, notamment avec les bio-carburants", pour en limiter l'impact. "Je note qu'avant, on attribuait, ici, 500 morts par an à la pollution de l'air. Cela reste trop, mais nous en sommes désormais à 150 décès".
Pour finir, le président de la Métropole Christian Estrosi a expliqué que la période observée dans ce pré-rapport ne peut tenir compte des améliorations qui ont suivi.
"Nous avons, depuis fin 2019, inauguré les lignes 2 et 3 du tramway qui suppriment 800 passages de bus au diesel par jour. Nous avons poursuivi l'achat de cars électriques, ouvert des parcs, continué le verdissement et détruit des îlots de chaleur". En clair, d'après le maire de Nice, "nous serons bien à -50 % d'émissions en 2030, grâce à tous les chantiers que nous continuons de mener sur l'énergie, les transports et le traitement des déchets".
"Pour ce qui est de la Plaine du Var, au contraire, nous dépolluons les activités industrielles que l'Etat a scandaleusement laissé, sans droit ni titre, s'installer pendant longtemps".
Avec un point de vue totalement inverse, le groupe des élus ex-RN s'est opposé à "toutes nouvelles normes qui viendraient handicaper nos entreprises" mais aussi à de trop grands investissements et restrictions qui représenteraient "l'écologie punitive" (sans expliquer où il la voit). "Il faut surtout avancer dans la recherche, et rappeler que la France est déjà l'un des pays les plus vertueux" a plaidé Jean Moucheboeuf.
Le Haut conseil pour le climat recycle des mesures existantes
Composé d'une vingtaine d'experts bénévoles, le Haut conseil local pour le climat dévoilait ce matin ses préconisations, après un travail mené tout au long de l'année 2023. La présentation orale de Damienne Provitolo, présidente du collectif et chargée de recherche au CNRS, n'a pas donné lieu à de grandes innovations.
Ainsi, le HCLC appelle à "intégrer la biodiversité aux plans d'urbanisme ; à créer une gouvernance commune contre les risques, avec des élus et des experts ; à favoriser les mobilités durables pour tous ; à ouvrir des espaces verts" ou encore "servir des repas locaux lors du prochain sommet de l'ONU à Nice ; organiser des expos photos pour sensibiliser les habitants…" En réponse, sur les bancs indépendants, l'élue Sylvie Bonaldi a évoqué "des mesures évidentes qui enfoncent des portes ouvertes".