Il avait tué son voisin de deux coups de carabine après une altercation sur l'entretien d'un chemin commun : la cour d'assises du Var a condamné mardi un ancien policier de 78 ans à 13 ans de réclusion pour assassinat.
L'avocate générale Amandine Sbragi avait requis 15 ans de réclusion, tout en émettant des doutes sur la préméditation.
L'accusé, qui comparaissait libre après 18 mois de détention provisoire, a été de nouveau incarcéré. Mais la défense compte faire appel et demander une remise en liberté sous contrôle judiciaire.
Le 30 mars 2020 en fin de matinée, dans un quartier calme et isolé de Toulon, Alain Attard, 72 ans, avait entrepris de reboucher avec de la terre ou du gravier les nids-de-poule du chemin privé donnant accès à sa maison et à quelques autres. Mais son voisin Jean-Yves Montebello n'avait pas apprécié cette réparation artisanale, sujet de discorde depuis près de 25 ans.
Rabroué par M. Attard, le vieil homme est rentré poser sa canne et récupéré sa carabine et des cartouches, puis il est ressorti, a tiré un premier coup dans le thorax, a rechargé la carabine et a tiré un second coup à bout portant.
"Il m'a fait péter les plombs ce connard", a-t-il expliqué juste après par téléphone à la police, avant de se montrer beaucoup plus vague. Selon son récit, il s'est senti menacé et a sorti sa carabine pour faire peur : le premier coup est parti tout seul à cause des tremblements de sa main et il n'a aucun souvenir du second.
M. Montebello souffre d'un syndrome cérébelleux depuis une méningite de 1995 qui rend ses déplacements difficiles et provoque des troubles moteurs à son bras droit. Les symptômes se sont aggravés depuis 2020 mais, selon un expert neurologue, les tremblements étaient trop légers pour actionner la détente.
Une experte psychiatre a en revanche estimé que le trou noir sur le second tir était plausible.
Ses anciens voisins ont décrit un homme irascible et agressif et les débats ont mis au jour la colère croissante de ce pied-noir d'Algérie rapatrié en 1962 - comme la victime - tôt orphelin de sa mère et délaissé par son père, qui s'est aussi senti abandonné par la police : sa maladie n'a pas été reconnue comme professionnelle alors qu'il est certain d'avoir contracté sa méningite auprès d'un migrant malade qu'il avait dû escorter.
De plus, quelques jours avant le drame, il avait perdu son frère mais n'avait pas pu assister aux funérailles à cause du confinement. "Cet homme en colère, qui se posait en shérif de ce chemin, n'a pas supporté que son voisin ne lui obéisse pas", a résumé l'avocate générale.
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