Relayant sans le vérifier un trucage circulant sur Twitter, l'édition en ligne du journal azuréen Le Petit Niçois accuse la ministre de la Culture d'"islamisme" et de "trahison" pour avoir financé une association hostile aux Droits des femmes. Ce qu'elle n'a pas fait. Une plainte a été déposée.
Le "Petit Niçois" se scandalise pour rien. Dans un article au lance-flammes publié sur le site internet du célèbre journal, un chroniqueur s'est interrogé sur… "l'islamisme" de Roselyne Bachelot.
D'après le journaliste, la ministre de la Culture aurait reçu un courrier des Musulmans de France où l'association se réjouissait de plusieurs faits-divers survenus cet été : une femme réprimandée par les gendarmes alors qu'elle bronzait seins-nus à Sainte-Marie et une autre recalée à l'entrée du musée d'Orsay pour avoir porté un "décolleté trop provoquant". Deux maladresses qui ont agité les médias ces dernières semaines.
À en croire les lignes cités par le journaliste du Petit Niçois, l'Association des Musulmans de France demanderait également à la rue de Valois de retirer des musées des tableaux laissant apparaître les "parties sexuelles des femmes" (l'Origine du Monde de Courbet, la Vénus de Titien) tout en la remerciant pour l'attribution "d'une subvention", en "augmentation sensible par rapport à celle de votre prédécesseur".
"Est-ce bien le rôle d’un ministre que d’encourager de tels mouvements sectaires et ouvertement islamiques avec 'une belle subvention' (…)?" s'interroge LPN.
Et de poursuivre : "Nous voudrions répondre à ce brave M. Okocha Ben Daho (auteur présumé de cette lettre, NDLR) que si les modes vestimentaires des femmes françaises lui sont si insupportables, il existe 52 pays ouvertement musulmans dans le monde qui seraient, je l’espère, tout près de l’accueillir, lui et sa famille (…) il devrait (être) extradé et être interdit de séjour en France."
"Ce que nous jugeons « provocant, indécent et particulièrement arrogant », ce sont toutes les femmes voilées intégralement qui se promènent sur les grandes artères de nos villes pour ouvertement défier les passants par leur mode vestimentaire qui n’a jamais été et qui ne sera jamais celle des Français !" — Le Petit Niçois
"Trahison"
Avec d'appeler à la démission de Roselyne Bachelot : "Donner de l’argent à ce type d’association, c’est un acte de trahison des Français et de la République qui la rend indigne de sa fonction qu’elle devrait quitter séance tenante si elle avait encore un peu de bon sens et de courage !"
Plus c'est gros, plus ça passe, comme on dit. Ces propos extrêmes n'ont jamais été émis par l'Associations des musulmans de France, qui n'ont pas envoyé de courrier au ministère, comme ils le confirment eux-mêmes. D'ailleurs, les différents trucages graphiques de la fameuse lettre, relayée massivement sur Twitter ces derniers jours, sont assez apparents. Des poursuites en justice ont été déposées contre l'auteur de ce faux grossier, comme le relèvent nos confrères de l'Indépendant.
La version numérique du Petit Niçois n'en est pas à son coup d'essai. Rangé dans la catégorie "Humeur", un autre article du même journaliste, consacré à la crise sanitaire, est titré "Un gouvernement et un exécutif d’assassins ?"
Le reste du site, très peu mis à jour, semble montrer le peu de moyens dont il dispose pour informer ses lecteurs. Le journal, sous forme de mensuel gratuit, est imprimé à plus de 10.000 exemplaires dans les communes de Nice, Cannes, Villefranche, Villeneuve et Antibes.
Bien loin du Petit Niçois de la grande époque, il se contente, hors rares reportages sur la vie locale, de tirer des portraits très avantageux des élus de la droite locale. La présence dans ses pages de grandes publicités achetées par les différentes collectivités ne doit pas y être étrangère.
- MAJ : le droit de réponse du Petit Niçois