Le site américain Deadline a obtenu un entretien avec le directeur général Thierry Frémaux… interview que vous ne lirez jamais. Le journal accuse le service presse cannois d'avoir expurgé son article de passages potentiellement polémiques.
"Longtemps bastion de la liberté artistique, le Festival de Cannes a un secret : il censure les interviews" entament nos confrères américains dans un papier passablement agacé, publié ce lundi 16 mai.
Alors que s'ouvre aujourd'hui la 75e édition de ce rendez-vous majeur, Deadline avance que "non seulement le festival exige de relire les articles avant publication, quelque chose qu'aucune autre organisation n'a encore demandé- mais après avoir promis de ne faire aucune modification, des réponses sensibles de Frémaux sur la diversité et sur les réalisateurs controversés ont été enlevés."
Ainsi, plusieurs passages concernant Roman Polanski - dont la présence à Cannes "ne poserait pas de problème éthique" - et la place des femmes dans le cinéma auraient été effacés par les communicants du Festival.
"L'ensemble de cet épisode soulève des questions éthiques sur la censure, la liberté de la presse et le journalisme de clientèle"
Deadline
"Il soulève également des questions sur l'orientation de ce festival financé par des fonds publics."
"Nous savons qu'un autre journal a fait retirer l'ensemble des questions et des réponses concernant le manque de réalisateurs Noirs dans l'affiche. Les réponses n'auraient pas donné une bonne image de Frémaux ou de Cannes" tacle encore Deadline.
Le site américain a donc décidé de ne pas publier l'interview, pointant les habitudes françaises dans le journalisme. Tout en citant avec ironie des propos tenus il y a sept ans par le même Thierry Frémaux, qui critiquait à l'époque les autorités coréennes : "Un grand festival est un festival libre". Cela "vaut aussi pour la presse".
Article original en anglais par ici