Depuis 1999, le 25 novembre marque la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. L'occasion pour les associations de faire entendre leurs revendications, et de se mobiliser.
Études après études, le département des Alpes-Maritimes s'impose malheureusement souvent comme l'un des territoires les plus touchés par les violences conjugales et les féminicides.
Pour Laurena Couppey, membre du collectif #NousToutes 06, le combat continue, tant au niveau national que local.
1 - Pour quelles avancées faut-il encore se battre aujourd'hui ?
Pour l'égalité en général. J'entends souvent que l'égalité femmes-hommes a été atteinte, alors que ce n'est pas vrai.
L'inégalité salariale en est un parfait exemple. Aujourd'hui, les femmes gagnent 16,8% de moins que les hommes. C'est criant. Elles sont également sous-représentées dans la politique ou les médias.
La violence fait aussi partie du quotidien. Dites-vous que quand un homme entre dans une pièce remplie de femmes, au pire il est intimidé, au mieux il s'en réjouit. Dans le cas où une femme entre dans une pièce remplie d'hommes, elle va avoir peur dans 90% des cas.
2- Pour Emmanuel Macron, c'était "une grande cause du quinquennat". Quel bilan peut-on en tirer ?
C'est un peu le néant… On n'a rien vu. Il y a des solutions qui existent, qui sont mises sur la table depuis des années, mais le gouvernement fait mine de ne pas les voir.
C'est pour ça que nous demandons un budget à hauteur d'un milliard d'euros pour mettre en place des politiques publiques concrètes pour lutter contre les violences.

3 - Quelles seraient-elles ?
On sait qu'au niveau des institutions en lien avec les victimes, il y a un gros manque de formation sur le sujet des violences sexistes et sexuelles. Je pense aux forces de l'ordre par exemple.
On a encore trop de témoignages de femmes qui souhaitent porter plainte et qui se voient refuser ce droit, pourtant inscrit dans le Code pénal. Un officier de police n'a pas le droit de refuser la démarche.
Il y a aussi une forme d'inintérêt pour la cause. On banalise ces violences car il y a une méconnaissance du sujet et une trop grande culture du viol encore présente dans la société.
Pour remédier à ça, on veut aussi démocratiser les formations auprès des collèges et lycées pour sensibiliser les jeunes. C'est à cet âge là que tout se joue.
4 - Quelles nouvelles actions pourraient être mises en place dans notre département ?
On a un territoire qui est particulièrement concerné par la chose. Il y a une vraie inaction des autorités régionales et départementales.
La quasi totalité des structures qui prennent en charge les victimes sont des associations bénévoles, et tout repose sur elles. Il n'y a pas assez de structures officielles.
L'association Une voix pour elle, qui propose des solutions de relogement, a tout de même réussi à signer des conventions avec des mairies pour être subventionnée, mais ça reste vraiment anecdotique. Il y a une personne rémunérée et les autres sont des bénévoles.
5 - Quels sont les mots d'ordre de votre prochaine manifestation ?
On veut interpeller le gouvernement au sujet de ces violences et surtout leur montrer que des solutions existent. On exige qu'elles soient mises en place !
Il y a aussi une mission d'union puisqu'on manifeste pour apporter notre soutien à toutes les femmes victimes, quelques soient leurs conditions.
On a un rassemblement ce jeudi à 17 h 30 et un autre à 15 h samedi 27 novembre durant lequel nous ferons un "die in". On s'allonge sur le sol en représentation des 102 femmes victimes d'un féminicide cette année.
C'est ce qu'on appelle chez nous un "femmage", qui est le féminin de "hommage".
Les violences sexuelles et sexistes concernent la société toute entière, ce n'est pas qu'un combat pour les femmes.
On sait que dans la majorité des cas c'est un homme qui est responsable de la situation. Ils doivent se sentir aussi concernés, et se positionner en tant qu'alliés.
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