Un rapport publié par des chercheurs européens montre que les eaux de la Méditerranée devraient grimper trois fois plus vite que prévu. La France serait donc particulièrement menacée.
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C’est en prenant en compte des données jusqu'ici inexploitées que trois chercheurs ont tiré des conclusions alarmantes pour notre planète.
D’après leur étude publiée dans un article scientifique dans la revue Environmental research letters, "les projections du GIEC (le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) sous-estiment le futur niveau de la mer le long des côtes méditerranéennes".
Comment en sont-ils venus à ces résultats ? Appartenant à l'institut national de géophysique et de volcanologie d'Italie et de l'université néerlandaise de Radboud, les trois spécialistes ont observé le phénomène d'affaissement des sols, la "subsidence".
Ce dernier est causé par des événements naturels, mais peut également être provoqué et amplifié par l’activité humaine, surtout dans les secteurs où les nappes phréatiques sont soumises à une forte pression, à cause de pompages d'eau.
Des données obtenues entre 1996 et 2003
Afin de pouvoir en mesurer l'ampleur, les universitaires se sont servis de données satellitaires amassées entre 1996 et 2003. Car selon eux, le changement climatique provoquant la dilatation de l’eau et la fonte des glaces ne sont pas les seuls facteurs de la montée des mers et des océans. Les effets de la tectonique et d'autres éléments locaux doivent être pris en compte.
Concrètement, l’eau monte à cause du dérèglement du climat, mais en plus de cela, les sols s'affaissent. Or, les scientifiques indiquent que ces mouvements de terre verticaux "jouent un rôle crucial dans l'état du niveau de la mer le long des côtes. Ils doivent être évalués et inclus dans les analyses pour les projections".
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Et au vu de sa situation géographique, la France, et notamment le territoire azuréen, sont les plus exposés. À la lecture de leurs calculs, on remarque que 38.500 kilomètres carrés de littoral méditerranéen sont menacés sur l’ensemble du globe. Cela concerne 15 pays, dont majoritairement l'Égypte, l'Italie et l’Hexagone en troisième position (3.681 kilomètres carrés).
Un écart important avec les prévisions du GIEC
Il ressort surtout de l’enquête que la montée de la Méditerranée sera bien plus importante et rapide qu’annoncé, de l’ordre de trois fois comparé à une zone stable. En prenant en considération ce critère d’affaissement des sols, les chercheurs ont noté que l’écart par rapport aux prévisions du GIEC pourrait atteindre 62 %.
Ce serait dû particulièrement aux subsidences dans certains coins de la Méditerranée. Autre sujet d’inquiétude, le manque d’informations dans ce domaine. Pour les auteurs de l’étude, la population ne serait pas suffisamment consciente du risque d’inondation, dont les effets pourraient se faire sentir dès 2050.
Pour y remédier, ils suggèrent de mener des actions concrètes, spécifiquement auprès des populations vulnérables, ce qui leur permettrait de s'adapter à cet inévitable grappillage des terres par les océans et la mer.