Conséquences des polémiques à répétition, choix d'une organisation en plein hiver… La coupe du monde de football au Qatar ne fait, pour l'instant, pas l'évènement à Nice. Au grand dam des tenanciers de bars.
Catastrophe écologique, violations des droits humains… Elle aura fait parler pendant des mois et des mois.
Pour finalement ne pas tellement attirer les foules dans les établissements locaux. Une dizaine de jours après le lancement de la compétition, nous avons cherché à tirer un premier bilan des courses.
Lors de son match contre le Danemark, l'Équipe de France a regroupé plus de onze millions de téléspectateurs sur TF1. Les Français ne boycottent donc pas cette coupe du monde depuis leur canapé. Et dans les bars ?
Mauvais timing
"C'est la première fois que l'on voit une Coupe du monde en hiver" regrette Joël, gérant du restaurant les Arcades et du Boston Bar, au Port.
Suffisant pour expliquer que les Niçois ne sortent pas de chez eux pour suivre l'évènement ? Pas forcément, puisque que de nombreux bars de chez nous chauffent leurs terrasses, et diffusent les rencontres dans leurs salles.
"Un vendredi de novembre, en journée, ça ne se bouscule pas pour voir le foot". Sur sa terrasse la semaine passée, un couple déjeune, et c'est tout. Pas de fanions colorés, drapeaux ou supporters excités.
"Normalement, la coupe du monde se passe en été, il fait beau, les gens sont en vacances, et les visiteurs étrangers sont dans les parages" .
Au Wayne's Bar, dans la vielle ville, la manager s'est "évidemment posé la question de diffuser ou non les matchs. Mais c'est notre gagne-pain, on n'a pas tellement le choix ".
"Surtout en cette période, particulièrement creuse, pendant laquelle les touristes sont partis".
D'ailleurs, le bar "reçoit tout de même du monde quand les matchs sont prévus le soir". Dur de s'en passer.
En ce qui concerne ceux qui sont programmés de journée — certains débutent à 16 ou 17h — pour attirer le chaland, c'est plus laborieux.
Petite exception quand les Bleus sont sur le terrain.
Ce mercredi, il est quatre heures de l'après-midi, le temps est frais et les rues sont vides. Personne à Garibaldi, Masséna ou dans le Vieux-Nice…
Cependant, quelques attroupements apparaissent. Certains pubs affichent même complet.
"C'est seulement quand c'est pour la France" plaisante le videur, posté à l'entrée du Van Diemen's, sur le cours Saleya.

Même ambiance sur la place du palais, où les gens s'entassent devant le grand café, et tentent de suivre le match à travers la bâche transparente.
À qui la faute ?
Vendredi, onze heures du matin, il est seul attablé au bar, une bière à la main. David, vrai fondu de football, ne manque jamais un match.
"Je comprends les enjeux politiques, mais c'est très difficile pour moi de louper un événement comme ça" explique l'étudiant, l'air désolé.
Boycotter ou non, un réel sujet de discorde avec son groupe d'amis. "Certains sont déchirés entre leurs valeurs éthiques et leur passion sportive".
Une position inconfortable et parfois complexe pour les spectateurs. "On veut juste profiter, pour nous c'est un loisir et le mal qui est arrivé, nous n'y sommes pour rien". Tant de controverses pour si peu de ferveur…