Difficile aujourd’hui d’imaginer que là où s’élève l'austère ensemble Nice-Europe, trônait autrefois l’un des lieux les plus bouillonnants de la vie nocturne niçoise. Situé à l’angle des rues Alberti et Pastorelli, ce bâtiment abritait l’Eldorado, un music-hall de légende où les classes moyennes niçoises et les hivernants venaient s’encanailler.
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L’histoire du lieu remonte à 1881, alors que l'on construit un grand cirque en dur, à l’image de celui qui existe encore aujourd’hui à Paris.
Un bâtiment monumental qui deviendra, quelques années plus tard, l’Eldorado, véritable centre névralgique du divertissement niçois. Salles de jeu, revues parisiennes, numéros de cabaret : tout est réuni pour en faire un endroit incontournable.
"C’était un grand établissement, à la fois casino et salle de spectacle. Un temple du rire où l’on venait voir des pièces comiques et des danseuses en tenue légère" raconte Christophe Prédal, responsable du service Inventaire du patrimoine d’Art et d’Histoire de la Ville ?
Le lieu connaît un tournant en 1889, lorsqu’il est racheté par Paulus (1845-1908), célèbre chansonnier du XIXe siècle. Il modernise l’établissement, qui passe ensuite entre les mains de Jules Morlay, lequel le remet au goût du jour au début du XXe siècle.
Crovetto y hérige Nice-Europe en 1959
Acrobates, magiciens, gymnastes et clowns musiciens alternent alors avec les "pousseurs de romances" et les chanteuses de genre, tandis que le public, plongé dans les dorures de la salle, applaudit à tout rompre.
L’Eldorado, c’est aussi l’endroit où un certain Fernandel décroche son premier contrat en 1922. Alors jeune fantaisiste marseillais, il fait ses premiers pas sur scène ici-même, dans ce temple du spectacle qui accueillait les plus grands artistes de l’époque.
Une rampe de lancement qui lui ouvrira les portes d’une carrière légendaire. Mais la fête prend fin en mars 1936, "lorsqu’un violent incendie ravage le bâtiment." L’établissement "reste longtemps en ruines."
Finalement, en 1959, l’ensemble Nice-Europe y est érigé par l’architecte Crovetto, avec son passage central et ses œuvres métalliques signées Claude Morini. Un vestige d’une autre époque, là où jadis résonnaient les rires et les ovations du plus grand cabaret niçois.