L'acteur niçois Lucas Bravo incarne l'un des principaux rôles du - très kitsh mais gentillet - dernier né de Netflix.
CULTURE — Sans aucune surprise, la presse française a taillé en pièce cette nouvelle mini-série de Netflix. La bande-annonce de Emily in Paris, créée par Darren Star, le scénariste de Sex and the City, ne prend même pas la peine d'atténuer la réalité de ce que valent les épisodes.
L'histoire est sans queue (ou presque) ni tête et les clichés se ramassent à la pelle. Le pitch tient en une phrase : une américaine originaire de Chicago est mutée en France où elle va se heurter à une culture hostile mais fascinante qui lui échappe complètement.
Chargée de communication dans un boîte de marketing huppée, Emily Cooper (Lily Collins) va faire la connaissance de Français agressifs (pour la plupart), vulgaires, pas très propres et plutôt portés sur le harcèlement sexuel.
Malgré cela, la série fait évoluer ses personnages dans un Paris magnifié, féérique et d'une propreté (!) impeccable. Un épisode, "Sexy ou sexiste ?", est centré sur les visions américaines et françaises du sexisme dans les publicités télévisées. Un passage très intéressant.
En dehors de cette séquence, il faudra poser son cerveau à côté de son Mac pour regarder cette série doucement stupide avec beaucoup de second degré.
Les dix petits épisodes - 30 minutes chacun - sont articulés autour de la romance (presque) impossible entre l'héroïne et son "voisin du dessous", Gabriel. Le rôle est parfaitement endossé par l'acteur d'origine niçoise Lucas Bravo, formé à l’American Academy Of Dramatic Arts de Los Angeles et à l’Actors Factory de Tiffany Stern à Paris. Déjà vu dans La Crème de la crème (2014) de Kim Chapiron et dans la web-série L'Équipe de Jérémy Minui, on le retrouvera également bientôt à l'affiche du film Mrs Harris Goes to Paris, avec Isabelle Huppert et Lambert Wilson. Comme son nom vous l'a peut-être indiqué, il est également le fils du footballeur Daniel Bravo.
Un rôle complètement cliché qui a fait réagir, comme prévu, les réseaux sociaux :
j veux re regarder emily in paris pr admirer gabriel
— missy (@knifertiti) October 6, 2020
J’ai fini Emily in Paris en une journée, moi aussi je veux un Gabriel comme voisin 🥺
— Céline (@CelineRhn) October 2, 2020
https://twitter.com/douxcrpscl/status/1312753650545065985
Et c'est un peu sur ce genre de (grosses) ficelles que se base la série, visiblement pensée pour créer sa mini-polémique. Un épisode met ainsi en scène une fausse Brigitte Macron tweetant avec Carla Bruni (oui oui) la photo d'un tampon humidificateur de vagin.
La nouvelle recrue américaine évolue dans un environnement où le harcèlement moral et sexuel ne la quitte à peu près jamais : elle se fait insulter dès le premier jour, ses collègues lui dessinent un sexe masculin sur un dossier, tous les clients de l'agence lui font des avances plus ou moins lourdes. Les personnages féminins ne sont pas en reste : une conversation lunaire s'installe à un repas de famille (épisode 8) sur le goût de la "saucisse" de l'un des convives…
Le pari a été gagnant pour la série. Les réseaux sociaux ont débordé d'avis tranchés sur le dernier né de Netflix pendant plusieurs jours. Même Le Figaro et Vanity Fair France lui ont consacré un papier. La reste de la presse a oscillé entre perplexité et tacles appuyés.
Sur Europe 1, Bertrand Chameroy — un autre Niçois bien connu — en a même fait une parodie :
.@BChameroy est tombé sur #EmilyInParis, une série @NetflixFR bourrée de clichés sur Paris et les Français. C'est collector 👇 pic.twitter.com/Y1S3m6L0kd
— Europe 1 (@Europe1) October 5, 2020
Chez Mademoiselle, on a pointé des épisode "grotesques" qui "saccagent le patrimoine français à coups de préjugés bêtifiants."
https://twitter.com/Jasoniaomai/status/1312301612900126721
Pas mieux chez 20 minutes : "On continue avec ce blanchissement de la vie. Socialement et économiquement parlant, c’est une série à côté de la plaque."
Eh bah j'ai tout bingé Emily in Paris hier soir et je regrette rien. C'était affreux.
— Valentin Cebo (@Noddus_) October 6, 2020
Mais comme ce tweet le résume bien, la plupart des gens auront regardé Emily in Paris avec ironie, par plaisir de râler… un sport national que nos amis américains semblent pardonner avec cette série clin-d'oeil.