5 questions à… Maurice Tornesi, président du comité des riverains de Saint-Isidore pendant quatorze ans. Cette figure locale vient tout juste de passer la main à Frédéric Ricci : l'occasion d'évoquer avec lui ses années de présidence, tout en faisant un point sur l'évolution du secteur et les projets en cours.
"Les promoteurs arrivent et proposent des sommes presque impossibles à refuser"
1 - Quel regard portez-vous sur l'évolution du quartier ?
Certains diront que "c’était mieux avant", mais je pense qu’il faut savoir vivre avec son temps. Ici, nous avons connu une époque où l'avenue Auguste Verola était sans feux, sans grande circulation, bordée d’un canal tout le long, qui a depuis été recouvert. À l’époque, il y avait des terres agricoles, et bien moins d’urbanisation. Cette transformation s’est faite à grande échelle, en l’espace de dix ans, avec une explosion des constructions.
On voit désormais de nombreux immeubles et une population qui a fortement augmenté, notamment avec l’arrivée du stade. Sous la pression immobilière, les particuliers cèdent leurs terrains. Les promoteurs arrivent et proposent des sommes presque impossibles à refuser. Je ne suis pas contre l’évolution du quartier, mais il est essentiel de respecter certaines règles. Notre rôle, en tant que comité de riverains, est justement d’accompagner au mieux ces changements. C’est un combat quotidien…
"L'esprit de village perdure"
2 - Quelles sont les principales demandes des riverains ?
Les gens sont contents de vivre ici, un peu à l’écart du centre-ville. On a encore un comité des fêtes important, avec une fête patronale organisée par les habitants. L'esprit de village perdure, avec des familles toujours très attachées au quartier. Certains habitants, arrivés sur la décennie, s’investissent également, mais ce n’est pas encore suffisant.
Pour le reste, en plus du problème de périurbanisation qui revient souvent, on nous fait régulièrement remonter des problèmes d’incivisme, notamment en ce qui concerne le sujet des déjections canines. Il arrive parfois d’en trouver jusque devant le portail de l’école, ce qui pose un réel problème d'hygiène.
3 - Quels sont les principaux combats que vous avez défendus ?
La refonte complète de la place de l'église a été un projet important que nous avons porté auprès de la Métropole. Une véritable consultation a eu lieu : on nous a demandé nos avis et nous avons relayé ceux des commerçants et des restaurateurs.
Nous avons également participé à l’arrivée du tram et du grand stade. À l’époque, nous avons fait de notre mieux pour accompagner ces grandes décisions, notamment sur les problématiques de circulation et de stationnement les jours de match. Plus de dix ans après, nous travaillons d'ailleurs toujours sur ces questions…
"Saint-Isidore est devenu un parking à ciel ouvert les soirs de matchs"
4 - Quels sont justement les prochains grands projets ?
Nous aimerions réduire le passage des camions de plus de 3,5 tonnes sur l’avenue Auguste Verola, ce qui est théoriquement interdit. Une voie alternative existe de l’autre côté, mais elle est peu utilisée. La gestion des soirs de match reste aussi un véritable défi. Saint-Isidore est devenu un parking à ciel ouvert les soirs de matchs et les riverains subissent les nuisances.
La vice-présidente du comité de quartier, par exemple, a raconté qu’elle ne pouvait même plus sortir de chez elle, car des voitures se garaient devant son portail !
J'ai également un projet personnel, et c'est pour cela que je compte encore m'investir au sein de l'association. Il s'agit d'interviewer les anciens pour qu’ils racontent leur "Saint-Isidore d’autrefois". Cela permettrait de préserver la mémoire du lieu et de partager avec les plus jeunes l’histoire et l’évolution de notre quartier.
"Le comité est né d’un groupe de copains. Il regroupe aujourd'hui 60 familles…"
5 - Comment est née l'association et pourquoi avoir voulu vous y investir ?
Je suis artisan maçon, et ce qui m’a donné envie de m’impliquer, c’est l'amour pour mon quartier, tout simplement. Je suis né ici. À un moment, j’ai ressenti le besoin de prendre une part active dans le travail d’équipe pour le préserver et faire entendre notre voix en portant des projets.
Le comité est né d’un groupe de copains, et cette dynamique a su perdurer depuis plus de quarante ans. À l’origine, l’association a été créée pour répondre à un besoin précis : faire venir le car scolaire. Les problématiques d’urbanisation, déjà présentes à l’époque, ont fait grandir l’association au fil des ans. Aujourd’hui, nous regroupons environ soixante familles et comptons une centaine d’adhésions.
Après plusieurs années d’engagement, j’ai décidé de passer la main, tout en restant actif. Il me semble important de laisser place à la jeunesse. Ils sont plus à même de comprendre certaines évolutions et d’apporter un regard frais.
Nous avons la chance de voir que l’équipe qui prend le relais est dynamique et engagée. Contrairement à d’autres comités, nous sommes presque exclusivement composés d’actifs, ce qui nous permet d’être connectés aux réalités actuelles et de continuer à porter des projets pertinents pour Saint-Isidore. Le seul problème, c'est de trouver du temps dans les agendas pour nos rendez-vous en mairie… (sourire)