La DZ Mafia, active à Marseille et au-delà, diversifie désormais ses activités criminelles bien au-delà du trafic de drogue. Ce réseau criminel est décrit comme « le groupe le plus structuré et le plus dangereux » du XXIe siècle en France, selon des experts et des enquêteurs.
Racket, extorsion, assassinats : la DZ Mafia étend son influence sur une grande partie du sud de la France. Les récentes investigations menées par la police et le parquet marseillais ont permis d’incarcérer des dizaines de membres de cette organisation, confirmant son emprise grandissante.
Les initiales « DZ » font référence au domaine national de l’Algérie (Dzayer en arabe algérien), ce qui illustre les liens culturels et symboliques du groupe. Cependant, pour Jean-Baptiste Perrier, professeur de droit privé et de sciences criminelles à l’université d’Aix-Marseille, ce réseau n’est pas une mafia au sens traditionnel du terme.
Contrairement aux mafias italiennes, organisées autour de chefs charismatiques et de structures claniques, la DZ Mafia recrute largement, notamment via les réseaux sociaux, et exploite massivement des adolescents. Selon l’expert, elle se rapproche davantage des cartels d’Amérique du Sud.
Une guerre des gangs sous haute tension
En 2023, Marseille a été le théâtre d’une explosion de narchomicides, marquée par la rivalité sanglante entre la DZ Mafia et le groupe Yoda. Cette guerre a causé une cinquantaine d’homicides, contre 36 en 2022 et 24 en 2021.
Bien que le conflit avec Yoda se soit apaisé, de nouvelles tensions émergent entre la DZ Mafia et un autre groupe, surnommé les « nouveaux blacks ». Composés majoritairement de jeunes Comoriens, ces derniers tentent de reprendre des points de vente de drogue autrefois contrôlés par Yoda. Cependant, à ce stade, il ne s’agit pas encore d’une véritable guerre de clans.
Ce climat de violence est amplifié par une surenchère sur les réseaux sociaux, où chaque groupe cherche à imposer sa domination par des actes toujours plus spectaculaires et cruels.
Une diversification inquiétante
La DZ Mafia ne se limite plus au trafic de stupéfiants. Le groupe s’illustre désormais par des activités telles que le règlement de comptes « sur commande » et des partenariats internationaux. Ils auraient même annoncé des accords avec la 'Ndrangheta italienne, bien que ces déclarations soient parfois perçues comme des opérations de « marketing criminel ».
La préfecture de police des Bouches-du-Rhône rapporte qu’entre janvier et novembre 2024, 34 affaires de racket et d’extorsion ont été enregistrées, visant des commerces comme des restaurants ou des discothèques. Toutefois, ces chiffres pourraient sous-estimer l’ampleur du phénomène, en raison du silence de nombreuses victimes, paralysées par la peur.
« La peur est omniprésente. Nous, commerçants, demandons simplement à être protégés », témoigne Bernard Marty, président local de l’Umih, principale organisation patronale de l’hôtellerie-restauration.
Intimidations et représailles
Les intimidations vont parfois très loin. En décembre, le gérant d’une épicerie casher située dans un quartier chic de Marseille a reçu des photos de sa famille et de sa maison, accompagnées d’une demande de rançon de 250 000 euros signée « DZ Mafia », selon une source policière.
Dans d’autres cas, les menaces se traduisent par des actes. Le propriétaire du First, une discothèque entre Marseille et Aix, a fini par céder aux exigences de la DZ Mafia, versant chaque mois 10 000 euros en échange d’une prétendue protection. Cette affaire a conduit à l’inculpation de 22 personnes grâce au travail de la police judiciaire.
Parmi les accusés, certains seraient également liés à l’assassinat en août d’un proche du rappeur marseillais SCH, à la sortie d’une discothèque de la Grande-Motte. L’artiste, Julien Schwarzer de son vrai nom, était depuis un an la cible de tentatives d’extorsion, qu’il avait refusées. Après des menaces de mort, une attaque a été perpétrée, à laquelle il n’a échappé que grâce à un changement de véhicule.