Historien, adjoint niçois chargé notamment de la circulation, Gaël Nofri annonce à Nice-Presse son soutien au président de la République Emmanuel Macron, candidat à sa réélection. Un temps proche du FN, l’élu siège dans la majorité de Christian Estrosi à Nice depuis 2016. Il appelle à un gouvernement d’unité nationale, prêt à relever les défis d’un contexte inédit pour notre pays.
TRIBUNE LIBRE. Gaël Nofri : “Cette élection présidentielle qui arrive ne ressemble à aucune autre.
Par le contexte, d’abord, évidemment. Contexte de guerre en Europe, contexte de crises successives, contexte de lendemains lourds d’incertitudes. Cette situation exceptionnelle nous oblige, elle nous contraint et nous amène à revoir nos priorités, nos habitudes, nos exigences. Qui pourrait croire que, dans de telles circonstances, le sens de l’élection présidentielle actuelle n’en serait pas profondément changé ?
Une élection marquée aussi, et peut être de ce fait même, par l’effacement de toute autre candidature : condamnée à disparaitre ou à s’ancrer dans la radicalité des propos et l’excès des mesures.
Une élection où le sentiment de devoir supplantera inévitablement celui de vouloir, à rebours de nos schémas modernes. Une élection qui actera l’idée d’un rassemblement.
Une élection enfin qui ne peut en aucun cas s’accompagner d’une remise en cause de la légitimité de celui qui sera élu ; sauf à vouloir renoncer durablement à tout concept de démocratie. Rappelons-le ici, la démocratie c’est l’élection, et non le pugilat médiatique comme semble le croire certains personnages hauts placés de nos institutions qui, pour se réclamer du gaullisme, ne semblent pas pour autant s’encombrer de son esprit.
Nos institutions, surtout en temps de guerre, ne sont pas faites pour transformer le président de la République en candidat normal, prélude à un président normal.
Au contraire, si le président sortant est réélu - et il faut qu’il le soit - c’est un surplus de légitimité qu’il doit gagner dans ce scrutin afin de faire face aux tempêtes à venir.
Quelles que soient nos sensibilités et les réserves que l’on puisse avoir, celui qui assume la direction de l’Etat, qui incarne depuis 5 ans la France à l’international et qui est le seul à bénéficier d’une expérience en la matière, c’est Emmanuel Macron.
Il faut donc que son score soit le plus large possible, mais aussi que cette victoire ne soit pas celle d’un camp - le macronisme – mais au contraire le prélude à une unité nationale, à un gouvernement qui se conçoive comme tel, à la prise en compte, non de tous les candidats, mais de toutes les attentes populaires manifestées à l’occasion de ces présidentielles.
Car il serait dangereux que certains des sujets portés lors de cette campagne se trouvent mis au ban ou discrédités par ceux qui les accaparent et la radicalité qu’ils y insufflent.
La question de l’insécurité, de la réponse pénale et du sous-dimensionnement de notre système carcéral est essentiel car elle prive nombre de nos compatriotes de sécurité et de liberté, elle est vécue comme une injustice et est vecteur de ségrégation.
De même, l’ouverture d’un vrai chantier, courageux et ambitieux sur l’immigration et l’assimilation – qui suppose aussi une évolution sensible de notre rapport à la mémoire nationale – paraît être un impératif.
L’importance de l’immigration incontrôlée, la banalisation du non-respect de notre propre législation en matière migratoire, la paralysie de notre système d’assimilation, l’appel d’air que représente notre système social et d’aide paraissent inadaptés aux grands défis migratoires qui se présentent devant nous.
Si aujourd’hui plusieurs millions de Français font de ces questions un enjeu essentiel, si au-delà des priorités sondagières, nous constatons que cet enjeu détermine des millions de votes, c’est qu’un problème existe réellement.
Le nier n’arrangera rien à la situation, mais fragmentera un peu plus la Nation.
La résistance de Marine Le Pen, l’engouement initial autour des analyses d’Éric Zemmour, la droitisation des LR, ne sont peut-être pas une réponse, mais apparaissent comme les conséquences d’une légitime interrogation de nombre de nos compatriotes.
Ces Français méritent mieux qu’un mépris assumé de certains ou les quolibets de “xénophobe”, “populiste”, “réactionnaire”… Ils méritent une réponse, des solutions. Emmanuel Macron avait raison lorsqu’il affirmait en 2017 que l’on avait eu tort d’humilier une partie des Français.
Il n’y aura d’unité que là où il y aura écoute, prise en compte et réponses républicaines aux attentes de millions de citoyens dont le vécu, les réalités quotidiennes et les difficultés ne sont pas moins réelles que les autres.
Emmanuel Macron sera réélu, non parce que les sondages l’ont décidé ou qu’il le veut plus que tous les autres, mais parce qu’il est le seul à pouvoir l’être ; que les circonstances le commandent et qu’en son for intérieur, le peuple français n’a pas renoncé à l’idée de remplir les devoirs que lui dicte ces mêmes circonstances.
Cette élection peut, et doit, aussi être une opportunité.”