La polémique continue autour de la gestion de l'ex-grand prix de Formule 1 au Castellet (Var), alimentée par le camp d'Eric Ciotti.
Le groupement (G.I.P.) chargé de la course laisse derrière lui plus de trente millions d'euros de dettes, que le contribuable devra éponger, via la Métropole niçoise, le Département du Var ou encore la Région Sud. La police judiciaire de Toulon est chargée d'une enquête préliminaire depuis l'an passé. Christelle d'Intorni (LR), députée maralpine, somme, ce samedi 2 mars, les organisateurs de lui fournir 900 nouvelles factures qui, d'après elle,"interpèlent" (achat de statues d'Orlinski, séjours dans des hôtels, commandes passées au groupe Nice-Matin…)
En exclusivité pour Nice-Presse, Eric Boullier, directeur général du G.I.P. à partir de 2020, répond.
"Christian Estrosi n'a pas de reponsabilité opérationnelle, et il n'a jamais rien dépensé"
Nice-Presse : Des éléments que vous avez, toutes les dépenses ont-elles été honnêtes et justifiables ?
Eric Boullier : À 100%, tout est légal. J'ajoute que dans un cadre statutaire, un représentant de collectivité, notamment son président, n'est pas en charge des opérations. C'est mon rôle.
Donc la responsabilité vous incombe à vous, pas à Christian Estrosi, président du G.I.P.?
Exactement.
Il n'a, contrairement à ce que soupçonne l'opposition, jamais effectué de dépenses personnelles ou difficilement justifiables ?
Jamais. Il n'avait pas de carte de crédit liée au G.I.P., et ne se faisait absolument rien rembourser. Il n'avait aucun moyen d'effectuer des dépenses.
"Tu pourras aussi nous permettre de comprendre comment ton directeur général, rémunéré 19.000 euros par mois hors primes, a pu dépenser plus de 75.400 euros avec la carte bleue du G.I.P. entre janvier et août 2021" note la députée Christelle d'Intorni dans un nouveau courrier transmis à Christian Estrosi, ce week-end, livre des comptes à l'appui. Que répondez-vous ?
Je ne sais pas, je n'ai pas dépensé autant d'argent. Ma carte bleue ne servait à rien, hormis à quelques déplacements. Je veux bien que cela soit encore une fois vérifié, aucun problème avec ça ! Nous avons toujours été transparents.
La députée demande ce samedi à consulter 900 nouvelles factures détaillées. Comptez-vous le faire ?
Je n'étais pas au courant. Sans problème, nous transmettrons ce qui est légalement transmissible.
Le recours à certains avocats ou conseillers est pointé du doigt, notamment le contrat de maître Arnaud Péricard, proche de Christian Estrosi, pour 465.000 euros annuels, "sans publicité et sans mise en concurrence". Comment l'expliquer ?
Il y a eu un appel d'offres. Le précédent directeur général (avant 2020, ndlr) avait choisi de ne pas faire de mise en concurrence, moi je l'ai fait. Toutes les règles ont été respectées. Je ne commente pas davantage les chiffres. Mais le G.I.P. a été soumis à divers contrôles et audits - dont une inspection des finances en 2022 - et aucun problème n'a été relevé. Je rappelle que le G.I.P. est financé à 80% par de l'argent privé.
"On a fait des économies"
On lit dans la presse des montants astronomiques en cadeaux et en hôtels : les partenaires privés du G.I.P. n'ont-ils pas été trop gâtés, in fine avec de l'argent public puisque ce sont les contribuables (Région, Métropole…) qui doivent aujourd'hui rembourser la dette ?
On me parle de factures chez Montblanc à 10.000 euros. Ces goodies ont été distribués à tous les membres : cela concerne des gens qui ont déboursé 30.000 euros pour le GIP avec notre "Business Club" - lancé en 2021. Lequel a plus rapporté que ce qu'il a coûté ! Il y avait quatre "évènements partenaires" par an, pour lesquels le président du G.I.P. et moi-même n'étions pas présents.
Si le "Business Club" a été lancé en 2021, comment justifier les sommes antérieures ?
Tout simplement parce qu'il s'agit d'autres activités. On m'a parlé d'une note au Crillon, soi-disant pour l'anniversaire de Christian Estrosi. En réalité, il s'agissait d'une réunion de travail avec l'état-major de Pernod Ricard, pas d'un séjour à l'hôtel.
Pourquoi les cadeaux des partenaires n'ont pas été choisis dans notre région ? Restaurants gastronomiques, palaces, ou par exemple ces 24.000 euros déboursés début 2022 à Courchevel (Auvergne), alors que nous avons de très belles stations, dans les Alpes-Maritimes ?
Parce que nous avons participé, le "Business Club", à un événement organisé par un tiers, les championnats du monde de ski alpin.
Cette polémique "n'aide pas du tout l'image de la France en F1"
Devait-on continuer de dépenser autant en hébergement (292.000 euros en 2019) et en cadeaux (132.000 euros) alors que le GIP était déjà endetté à hauteur de plusieurs millions d'euros ? Ne fallait-il pas plutôt lancer un plan d'économies ?
Mais nous l'avons fait ! Un directeur de Grand Prix, il se rend à 6 ou 8 compétitions par an. J'en faisais un ou deux. On a fait des économies. Cela dit, il y a un mode de fonctionnement. Les sommes prises hors contexte ne veulent rien dire.
Christelle d'Intorni demande des comptes sur une facture libellée au nom du beau-frère de Christian Estrosi, Brian Tenoudji, pour un total d'environ 300 euros d'hôtel. Était-ce un partenaire ?
Je ne sais pas de quoi, ni de qui vous parlez. Sincèrement, ça ne me dit rien. Peut-être s'était-il inscrit à notre club. Chaque dépense a une justification.
Deux dépenses relevées par un reportage de France 3 Côte d'Azur font parler : 4.000 euros "dans un magasin de luxe pour enfants", "67.500 euros à Disneyland Paris".
Ce ne sont pas des vêtements pour enfants. Plusieurs entreprises s'appellent "Nice Kids". En l'occurrence, celle avec qui nous avons travaillé se charge de l'animation d'évènements, avec un speaker. Pour le deuxième point, le Grand Prix de France a organisé une démonstration, un "road show", à Disneyland en 2018 (en 2019, ndlr), pour communiquer sur la compétition.
Avec cette polémique, doit-on désespérer de voir une compétition de Formule 1 revenir chez nous, dans le Sud ?
Elle n'aide pas du tout l'image de la France en F1, c'est sûr !
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