Pour Greenpeace, il faut informer et alerter les Azuréens sur "les menaces du sur-tourisme".
Rencontre avec Philippe Spadotto, coordinateur local de l'ONG à Nice.
Nice-Presse : l'office du tourisme niçois et les collectivités disent vouloir s'orienter vers le tourisme vert, c'est une bonne chose ?
Philippe Spadotto : Ça n’existe pas ! Faire venir de nouveaux touristes, c'est engendrer de nouveaux impacts négatifs sur l'environnement. Il ne faut pas abandonner l'idée-même du tourisme. C'est aussi l'histoire de Nice. Mais il faut avoir conscience des conséquences de ça.
Les touristes polluent-ils plus que les locaux ?
Ils ne polluent pas spécialement davantage, mais ils utilisent plus d'eau. Un Français moyen utilise 150 litres d'eau par jour. Pour un Azuréen, c'est 230, déjà plus que la moyenne. Mais pour un touriste à Nice, c'est carrément 380 L !
Il faut faire attention à cela. Evidemment, il n’est pas question de demander à un habitant de la Côte d’Azur de restreindre sa consommation pour que les touristes puissent eux, consommer sans compter. On a pourtant l'impression que nos politiques ne voient que le tourisme comme activité pérenne.
Comment rendre le tourisme plus vertueux, d'après vous ?
Il faudrait arrêter de le subir, et promouvoir d’autres activités. Se lancer dans une sorte de "dé-marketing". Il faudrait plutôt encourager le "slow-tourisme", le fait de prendre son temps, de voyager moins vite. Peut-être même poser des quotas ?
Et lancer des signaux forts. Je pense par exemple à l'abandon du projet d'extension de l'aéroport Nice Côte d'Azur. Il ne faut pas se refermer sur soi, pas du tout même. Mais soyons très prudents avec nos ressources.
La municipalité niçoise ne le fait pas assez ?
Non. C'est clairement l'inverse. Elle soutient l'extension de l'aéroport, plaide pour l'interdiction des ferries mais uniquement pour pouvoir privatiser le port, bientôt réservé aux yachts de luxe.