Dans certains quartiers, l'opposition RN dénonce la présence importante d'immigrés : une "submersion" dont il faut "protéger les Niçois d'urgence", appellent les élus menés par Philippe Vardon.
Les journalistes avaient reçu un dossier plein de couleurs pour tenter de bien tout suivre sans décrocher. Au programme de cette (très technique) conférence de presse estivale des élus RN au conseil municipal, ce vendredi 3 septembre : le décryptage d'une vaste étude démographique menée par France Stratégie, une institution para-gouvernementale chargée de tout un tas de statistiques.
D'un document de travail publié il y a un an, durant l'été 2020, le chef de file des conseillers RN Philippe Vardon tire une conclusion "sans appel" : nous assistons "à un changement de population à Nice, depuis les années 1990".
Majorité d'étrangers non-européens parmi les habitants
La proportion d'étrangers originaires de pays non-européens à Nice parmi les 0-18 ans est ainsi passée de 17% il y a trente ans, à 30% en 2017, dernière année à propos de laquelle des données ont été publiées par l'INSEE, puis reprises par France Stratégie.
La répartition de ces jeunes n'est pas homogène dans notre ville. La carte du rapport le montre avec clarté : plus les quartiers sont pauvres, plus la part d'étrangers chez les non-majeurs est importante :

En 2017, 58% des ados des Moulins (Nice Ouest) n'étaient pas originaires de pays européens. Cette proportion s'élevait à 63% du côté des Liserons et de Bon Voyage, à l'Est de notre cité, de 65% à L'Ariane. Sur tous ces pourcentages, Nice surclasse l'ensemble des communes voisines.
Les conseillers municipaux égrènent d'autres chiffres dans leur exposé. La proportion d'étrangers non-européens parmi les 25-54 ans est également passée de 10% en 1990, à 17% en 2017.
On retrouve les mêmes quartiers précaires, concernés par cette part importante d'immigration : les Moulins avec 41% ("c'est considérable !" souffle Philippe Vardon, qui y a grandi), 47% aux Liserons - Bon Voyage, 52% à L'Ariane.
À noter qu'en 1911, la part d’étrangers vivant à Nice était alors de 27.4%, tous quartiers confondus. En majorité des intra-européens, dont beaucoup d'Italiens.
"Il faut agir"
Le constat étant posé, avec force courbes et graphiques, vient notre question : "et alors ?". Pour le chef de file des élus Rassemblement national - Droite populaire, c'est "l'avenir de notre commune qui se joue, alors que 'démographie' rime souvent avec 'démocratie'". Aujourd'hui, on assisterait ainsi à "une véritable submersion migratoire".
Le problème, pose-t-il, c'est que cette représentation des étrangers dans la population niçoise engendrerait "un bouleversement civilisationnel". En clair, juge Philippe Vardon, "nous avons un vrai problème d'intégration et d'assimiliation avec des populations non-européennes qui sont culturellement très éloignées des Niçois".
"On va assimiler plus difficilement un Algérien qu'un Espagnol ici. Et encore plus difficilement un Malien qu'un Algérien"
Philippe Vardon, RN
"Si l'on veut vraiment que Nice reste Nice (allusion appuyée à l'un des slogans de campagne du député LR Éric Ciotti, NDLR) il est urgent d'agir, pour protéger les Niçois de cette immigration massive".
Est-ce là un moyen d'accréditer la (très, très controversée) thèse du "Grand Remplacement"? "C'est une expression littéraire bien vague" balaie Philippe Vardon, qui préfère employer le terme "évident remplacement de la population".
Mais puisqu'un seul parent d'origine extra-européenne suffit à catégoriser un enfant de la même façon, n'y a-t-il pas davantage un métissage de la population, qu'un réel "remplacement", comme le met en garde ce sujet de France Inter ? "Il faudrait entrer dans l'intimité des chiffres oui, mais les statistiques ne font que confirmer ce que les gens ressentent" répond l'élu.
"Les habitants des Moulins ne vont pas le découvrir : le remplacement de la population, cela fait un moment qu'ils l'ont vu…"
Philippe Vardon, RN
Que propose le RN ?
Campagne présidentielle oblige, c'est comme une évidence qu'ils répondent : "voter pour Marine Le Pen".
Pour eux, il faudrait appliquer une "préférence nationale" dans l'attribution des logements sociaux, "maîtriser enfin nos frontières, expulser tous les clandestins et les criminels étrangers" ou encore "réformer l'attribution de la nationalité."