Agnès Rampal, conseillère régionale et adjointe de Christian Estrosi chargée de l'Euro-Méditerranée, a choisi d'intervenir dans l'entre-deux-tours des régionales en Provence-Alpes-Côte-d'Azur "en tant que pied-noire". Portant la voix des rapatriés, l'élue rappelle leur attachement aux valeurs de la République et leur défense d'une "société de vivre-ensemble où jamais ni les juifs ni les musulmans n'ont été regardés avec méfiance".
Pour elle, "le vote de dimanche appelle à la plus large mobilisation contre le Rassemblement national, et pour le président Renaud Muselier."
NICE-PRESSE : Notre département a enregistré l'un des pires niveaux de participation dimanche. Quel message adressez-vous à tous les Français qui n'ont pas souhaité voter ?
Agnès Rampal : "Je comprends la souffrance des gens. Enfermés depuis de nombreux mois, ils aspirent évidemment à sortir, à penser à autre chose. Mais une élection, c'est un devoir démocratique. La Région est partout dans notre quotidien, ses missions sont essentielles."
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Dans les Alpes-Maritimes, la liste du Rassemblement national a devancé de très, très peu (37.11% contre 36.87%) celle menée par Christian Estrosi. Comment interprétez-vous ce résultat ?
"Il est injuste, mais humain. Le RN capitalise sur le malheur des Français, et celui des Azuréens, frappés par la crise sanitaire, la tempête Alex et l'attentat. Les gens n'en peuvent plus.
Je veux rappeler que Christian Estrosi a été un vrai capitaine dans la tempête que nous venons de traverser. Alors que nous entrons dans la relance et qu'il va falloir garder le cap, le choix qui se profile devant nous est capital."
On a pu lire dans la presse et dans certaines attaques qui vous sont adressées sur les réseaux sociaux que les rapatriés voteraient aujourd'hui pour Thierry Mariani, "vrai représentant de la droite", alors que Renaud Muselier assume de travailler avec les centristes. Qu'en pensez-vous ?
"Accueillir sur la liste quelques élus LREM ne définit pas une politique régionale, de qui se moque-t-on ? Ce qui nous définit, c'est cette envie de travailler avec les vingt-deux pays avec qui nous partageons la Méditerranée pour relever les immenses défis qui se présentent à nous : la lutte contre le dérèglement climatique, le terrorisme, la sécurité alimentaire…
Le Rassemblement national n'a fait que s'opposer à nous dans la mandature qui s'achève. C'est un parti qui met au ban certains partenaires, certains pays avec qui nous ne pourrions échanger. C'est un sectarisme que nous devons empêcher.
"Que ferons-nous avec une région RN ? Nous installerons des fils barbelés sur nos plages ? Nous fermerons les lignes des aéroports vers les pays de la rive sud?"
Agnès Rampal
Le RN est amusant quand il parie sur le 'tout sécuritaire' pour gagner. Où a-t-on vu des scènes de guerre civile dernièrement ? À Fréjus ! (la ville du RN David Rachline depuis 2014)"
Je trouve aussi curieux qu’un parti qui reste extrémiste quoi qu’on en dise, veuille instrumentaliser la souffrance des pieds-noirs et des Harkis, et je sais qu’elle est immense. C’est d’ailleurs le sens de mon engagement : agir efficacement pour les Harkis, et obtenir la reconnaissance par la France du 26 mars et du 5 juillet. Ce sont des combats que Christian Estrosi porte, et pour lesquels je le seconde de toute mon énergie.
Thierry Mariani se livre à une tentative d'exploitation.
Il y aurait donc un conflit de valeurs entre les rapatriés et le parti de Marine Le Pen ?
"Évidemment ! Historiquement, on a pu retrouver des pieds-noirs au Front national dans un contexte bien précis : nous venions de perdre l'Algérie, il y a eu beaucoup de souffrance et ces Français n'ont pas toujours été accueillis les bras ouverts dans leur pays -- sauf à Nice.
Mais ils n'ont rien à voir avec les extrémistes du RN. De tout temps, ils ont vécu en parfaite harmonie avec les autres communautés, les juifs, les musulmans.
"Ce sont des patriotes, et c’est la raison pour laquelle je refuse la démagogie du RN. C’est trop facile"
Agnès Rampal
Ils n'ont aucun ressentiment vis-à-vis du peuple algérien, qui a beaucoup souffert lui aussi. Le Front national a longtemps flirté avec le racisme. Aujourd'hui encore, c'est un parti pétri d'idées préconçues.
Nous l'avons vu à de nombreuses reprises depuis des années, ceux qui sont aux côtés des communautés en souffrance (les pieds-noirs, les Arméniens…), ce sont Christian Estrosi et Renaud Muselier. Il ne faut céder à aucun amalgame."
Dans les Alpes-Maritimes, certains élus LR très importants n'ont pas daigné faire campagne pour leur candidat. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
"Je les renvoie à leur responsabilité historique. Dimanche, il faudra pouvoir compter sur la mobilisation la plus large possible contre le Rassemblement national et pour le président Renaud Muselier."
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