Les contours des JO d’hiver 2030 se précisent : après une réunion tenue mardi à Matignon avec des représentants du CIO, le scénario mettant Martin Fourcade à la tête du comité d'organisation, épaulé dans un premier temps par l’ancien Premier ministre Michel Barnier, semble être privilégié.
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Selon des sources proches des discussions, la gouvernance d'Alpes 2030 commence enfin à prendre forme. Cependant, aucune décision officielle n’a été arrêtée mardi, et le processus de désignation du président du comité d’organisation (COJO), initialement prévu pour se conclure dans une semaine, a été repoussé à "la fin janvier", a confié une source à l’AFP.
Lors de cette réunion, à laquelle participaient des représentants du CIO, des régions Auvergne-Rhône-Alpes (ARA) et Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), du délégué interministériel aux JO (Dijop) et du comité olympique français (CNOSF), le plan dominant confirme Martin Fourcade à la présidence. Ce dernier, qualifié par Emmanuel Macron de "Tony Estanguet des montagnes", pourrait être accompagné temporairement par Michel Barnier, qui jouerait un rôle bénévole pour faciliter le lancement du comité.
"Michel Barnier pourrait avoir une mission de préfiguration en qualité de représentant du CIO, visant à épauler Martin Fourcade dans ses premières responsabilités", précise une source. Barnier avait déjà co-présidé les JO d’Albertville en 1992.
Un bras de fer avec Laurent Wauquiez
Si ce scénario se concrétise, cela marquerait une défaite pour Laurent Wauquiez, ancien président de la région ARA, qui s’oppose depuis plusieurs semaines à la désignation de Martin Fourcade. Wauquiez soutenait la candidature de Vincent Jay, champion olympique de biathlon à Turin en 2010, et a "tout tenté pour bloquer" Fourcade, jugé trop indépendant pour préserver son influence sur l’organisation des Jeux, selon une source politique.
Cette avancée vise également à rassurer le CIO, préoccupé par les retards accumulés dans la création du COJO. Bien que le président du CIO, Thomas Bach, ait déclaré le 5 décembre qu’il n’était "pas inquiet", il a tout de même adressé un courrier au gouvernement Barnier pour accélérer le processus, rapporte une source du CNOSF.
"À cinq ans des Jeux, il devient urgent que le Cojop soit opérationnel", a souligné David Lappartient, président du CNOSF, lors d’un conseil d’administration.
Défis financiers
La constitution du COJO aurait dû être finalisée dans les cinq mois suivant l’attribution des JO, soit avant le 24 décembre. Toutefois, les négociations s’éternisent, notamment en raison des blocages imposés par Laurent Wauquiez.
Par ailleurs, les questions financières suscitent des inquiétudes. Alors que la garantie de l’État, fixée à 500 millions d’euros dans le projet de loi de finances, reste suspendue depuis la censure du gouvernement Barnier, plusieurs rapports pointent des déséquilibres budgétaires. Un document de l’Inspection des finances du printemps dernier évaluait un déficit potentiel de 900 millions d’euros, et la direction du Trésor a récemment alerté sur le manque de "priorité donnée à la maîtrise financière" par les organisateurs.
Le budget actuel du COJO est estimé à deux milliards d’euros, tandis que celui de la Solideo (chargée de la construction des infrastructures olympiques) atteint un milliard. Pour limiter ces dépassements, Michel Barnier aurait demandé à l’Inspection des finances, le 4 décembre, de travailler sur une réduction des coûts en dessous de 2 milliards d’euros, selon France Info.