Des "millennials" assez peu Charlie. D'après une étude commandée par Marianne, une part significative des 18-30 ans rejettent le principe même de laïcité en plaçant leur religion au-dessus des lois de la République. Certains ne condamnent même pas la décapitation de Samuel Paty.
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Le 16 octobre 2020 reste un jour tragique, celui de l'assassinat de Samuel Paty par un terroriste islamiste. La soi-disant "faute" du professeur d'histoire-géo ? Avoir montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet.
Dès lors, ressurgit le débat sur la liberté d'expression et la possibilité de présenter dans le cadre de l'enseignement des dessins humoristiques et satiriques sur les religions.
Caricatures de "Charlie Hebdo"
Selon un sondage réalisé par l'Ifop sur les 18-30 ans pour le magazine Marianne, 22% des jeunes interrogés estiment que l'enseignant a eu tort de montrer ces caricatures, car elles constituaient "une provocation inutile".
Les sondés qui se disent croyants sont plus nombreux à estimer qu'il ne fallait pas le faire : 57% des musulmans et 39% des catholiques partagent cette opinion, largement au-dessus de la moyenne.
62% des 18-34 ans acceptent que ces contenus soient diffusés en classe pour "illustrer les formes de liberté d'expression", un chiffre en légère baisse depuis novembre 2020 (67%). 78% des Français, tous âges confondus, approuvaient la démarche en octobre 2020.
Ils ne condamnent pas l'assassin
Le geste du jeune Tchétchène de 18 ans a suscité une vague d'indignation et de colère dans le pays. Mais une partie de la population s'est détachée de l'émotion générale.
19% des sondés assument avoir été "indifférents" devant ce meurtre. Parmi eux, 44% se disent de confession musulmane, 14% catholique.
Cette disparité religieuse se retrouve également chez les 5% de Français qui ne "condamnent pas l'auteur des faits", avec 10% de musulmans et 2% de catholiques.
Dans le détail, 77% des membres du panel "condamnent", 9% partagent tout de même "certaines des motivations" du terroriste et 9% se disent "indifférents".
La religion supérieure à la République
Ce sondage met aussi en exergue l'importance que les 18-34 ans accordent à leur foi. Pour 25% des interrogés, les "normes et règles édictées par la religion sont plus importantes que les lois de la République". Une affirmation approuvée par 25% des catholiques ayant répondu, et par 61% des jeunes musulmans.
Ils étaient 31% a être du même avis en novembre 2020.
La loi sur la liberté de la presse désapprouvée
La liberté d'expression est aujourd'hui garantie par la loi de juillet 1881 sur la liberté de la presse. Un texte, à l'époque majeur, qui peine aujourd'hui à trouver du soutien.
Parmi les 41% de Français qui n'y adhèrent pas, on trouverait 40% de catholiques et la moitié des musulmans qui ont répondu au sondage.
D'une manière générale, la liberté d'expression concernant les religions reste un sujet délicat dans notre pays.
L'étude met aussi en avant le fait que 73% de la population française trouve que les questions religieuses sont trop évoquées.
- Etude réalisée auprès d'un échantillon de 1.014 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 à 30 ans (méthode de quotas). Réalisée du 24 au 30 septembre 2021 par des interviews en ligne.
- La vague précédente a été menée auprès d’un échantillon de 1.006 personnes représentatif de la population française âgée de 18 à 30 ans par internet du 13 au 18 novembre 2020. À retrouver chez Marianne