A peine rentrés, déjà en campagne : Marine Le Pen a appelé samedi devant les parlementaires RN à une dissolution en 2025, estimant que la situation politique ne pourra "pas durer". Et le parti se prépare au combat, après la déception des législatives anticipées.
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Devant un parterre de députés européens et français réunis dans une petite salle du Palais Bourbon, la présidente des 126 députés RN n'a pas boudé son plaisir de voir son camp au cœur du jeu politique : "le Rassemblement national a un positionnement plus central et plus important que jamais".
Le RN s'est certes engagé à ne pas censurer "a priori" Michel Barnier, permettant son entrée à Matignon. Mais pour Marine Le Pen, cette situation n'a pas vocation à durer, alors que le chef du gouvernement est issu des rangs de LR, arrivé quatrième aux législatives.
"C'est celui qui a fait le moins de voix qui est chargé de constituer un gouvernement (…) ça ne peut pas tenir", a tancé la responsable d'extrême droite, appelant à une nouvelle dissolution à l'été ou plus probablement à l'automne 2025. "Espérons que cette mandature soit la plus courte possible", a-t-elle insisté.
En attendant, les parlementaires doivent s'attacher à devenir "incontournables", les a encouragés le président du RN Jordan Bardella. D'une "opposition constructive", ils doivent "franchir un nouveau cap et devenir une opposition influente", a-t-il soutenu.
"Les gens ne nous pardonneront pas si on est dans une posture trop constructive sans rien obtenir" avant les prochaines élections, estimait un député RN plus tôt dans la semaine.
A l'Elysée, on ne veut pas laisser monter la petite musique d'une dissolution inévitable : Emmanuel Macron a fait savoir qu'il n'avait pas l'intention de dissoudre à nouveau d'ici la fin de son mandat.
Ce qui n'empêche pas le RN de battre le pavé, dès le 6 octobre lors d'un meeting à Nice. "Nous sommes en campagne", assume Marine Le Pen. Et le parti entend poursuivre l'effort avec des meetings mensuels à partir d'octobre, tenus par son président Jordan Bardella.
"Zéro erreur de casting"
Pour peaufiner sa stratégie électorale, et surtout éviter de recruter des candidats susceptibles de tenir les propos, dont certains à caractère racistes, qui ont "coûté très cher" aux dernières législatives selon Jordan Bardella, le Rassemblement national a déjà entamé un refonte de son organisation.
Deux directeurs de campagne vont ainsi être nommés, un pour les municipales et un pour les législatives, ce dernier devant lancer dans les prochains jours un processus d'investiture pour sélectionner 577 candidats d'ici au mois de mars en vue de nouvelles élections.
Alors que certains délégués départementaux sont considérés en interne comme en partie responsables de la sélection de candidats dommageables, certains vont être remplacés. Des coordinateurs régionaux, parfois issus des rangs des députés, devraient aussi faire le lien entre l'échelon national et départemental. Un équilibre délicat à trouver pour le RN qui ne souhaite pas non plus voir de nouvelles baronnies émerger.
"L'objectif c'est zéro erreur de casting", résume le vice-président du groupe RN Laurent Jacobelli. "Nous nous devons donc d'être irréprochables", a également insisté samedi Jordan Bardella.
D'autant que le parti d'extrême droite a eu la mauvaise surprise de voir sa députée Christine Engrand mise en cause par deux articles coup sur coup. Le premier du site d'informations Mediapart révèle qu'elle a utilisé des frais de mandat à des fins personnelles, des "maladresses" depuis remboursées a-t-elle fait savoir. Le second du Parisien explique qu'elle s'est vu confisquer un véhicule un permis invalide, une "erreur administrative" selon la députée citée dans l'article.
L'élue est convoquée devant les instances du parti et du groupe à l'Assemblée pour expliquer sa situation, selon plusieurs sources au RN.
Jordan Bardella est lui-même mis en cause dans le livre-enquête d'un journaliste de Libération, selon lequel le président du RN aurait contribué à la rédaction de faux documents censés aider à échapper à des poursuites dans le cadre du procès des eurodéputés FN, qui s'ouvrira à partir du 30 septembre et vise plusieurs cadres du parti dont Marine Le Pen.
Des affirmations que nie Jordan Bardella, qui a fait savoir qu'il entendait porter plainte pour diffamation.
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