Alors que le président-délégué de la Région Sud Christian Estrosi appelle dans nos colonnes à "les traiter comme des terroristes", en déplacement à Marseille, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a affirmé jeudi vouloir "frapper au portefeuille" les narcotrafiquants, qui disposent désormais des ressources nécessaires pour "corrompre" ou intimider les agents. Il a assuré vouloir renforcer les actions "contre le blanchiment d'argent".
"Il faut frapper au portefeuille", a-t-il déclaré aux journalistes après ses échanges au tribunal judiciaire de Marseille, en soulignant que "les peines de prison ne dissuadent pas pleinement les plus grands délinquants (…), souvent condamnés à des dizaines d'années sans pour autant cesser leurs activités illégales".
Le ministre a particulièrement mis l'accent sur "la confiscation des biens acquis illégalement : argent, voitures, propriétés immobilières", tant en France qu'à l'étranger. À cet égard, il a annoncé un déplacement prévu "autour du 20 janvier" aux Émirats arabes unis, où certains narcotrafiquants identifiés mènent leurs affaires, afin de "renforcer la coopération judiciaire".
"La lutte contre le blanchiment doit être prioritaire, car cela permet d'affaiblir les trafiquants avant même leur condamnation", a-t-il insisté, rappelant qu'une loi autorise déjà les saisies avant jugement.
Gérald Darmanin, nouveau ministre de la Justice en déplacement à Marseille : « Nous devons discriminer mieux les détenus » dans #MidiNews pic.twitter.com/dmEFJ1RVAi
— CNEWS (@CNEWS) January 2, 2025
"Lorsque la criminalité organisée dispose de moyens pour établir des réseaux téléphoniques parallèles, gérer des circuits de financement internationaux, investir dans l'immobilier ou la restauration, et corrompre ou menacer des agents, (…) nous atteignons un seuil critique pour la République. Il est urgent de réagir collectivement", a-t-il alerté.
Le ministre a également exprimé son souhait de durcir les sanctions contre ceux qui corrompent ou menacent les agents de l’État. Il prévoit d’intégrer cette priorité dans une circulaire de politique pénale destinée aux procureurs, afin que ces infractions soient poursuivies "avec la plus grande sévérité" et "sanctionnées de manière exemplaire".
Revenant sur sa proposition controversée d’isoler "les 100 principaux narcotrafiquants", Gérald Darmanin a évoqué un projet pilote, comparable à un "appartement-témoin" dans l’immobilier.
"Quand ces criminels sont placés à l’isolement, on constate que certains assassinats ciblés cessent", a-t-il affirmé. Il a indiqué avoir demandé à l’administration pénitentiaire de lui fournir "les profils des 100 individus concernés", afin de tester ce dispositif et, potentiellement, de l’étendre à d’autres détenus poursuivant leurs activités depuis leur cellule.
Mercredi après-midi, le ministre devait visiter un centre éducatif fermé avant de se rendre à la maison d’arrêt des Baumettes à Marseille. Cet établissement a récemment vu sa directrice et son chef de la détention temporairement relevés de leurs fonctions et placés sous protection après des menaces proférées par un narcotrafiquant début décembre