- Vous lisez un épisode de “Le Vieux-Nice, l’âme de la cité”, l’un des dossiers de Nos Quartiers, la nouvelle rubrique gratuite de Nice-Presse.
Point de repère emblématique de la ville, le cours Saleya est réputé pour abriter le mythique marché aux fleurs. Mais il regorge aussi de nombreux secrets populaires. Emmanuel Bottagisi, guide au centre du patrimoine, nous a fait sillonner les lieux…
1 - Le Cours Saleya, une appellation qui remonte au Moyen-Âge
Considéré à l’époque comme un véritable « or blanc », car il servait à conserver les aliments et à relever le goût de nos spécialités, comme la pissaladière, le sel était entreposé dans le grenier situé dans l’ancien Sénat, qui n’est autre que l’actuel Centre du patrimoine.

Si les Niçois étaient experts dans la production d’huile d’olive, le sel devait lui être importé par bateau, essentiellement depuis Hyères ou la Camargue. Il était ainsi déchargé sur la plage des Ponchettes, avant d’être emmené dans l’entrepôt, en passant par « le cours salé », baptisé « cours Saleya ».
2 - Le Carnaval et la bataille des fleurs ont inspiré Pedro II du Brésil
Le premier carnaval de Nice s’est déroulé sur le cours Saleya. Les chars défilaient, tirés par des chevaux, tandis que la population regardait le spectacle depuis les terrasses, qui servaient de gradins.

À cette époque, fin du 19e siècle, de nombreux rois et empereurs se rendaient à Nice et assistaient au carnaval. En 1890, c’est l’empereur du Brésil, Pedro II, qui a eu un véritable coup de coeur pour cette fête endiablée, au point de se demander : « pourquoi ne pas faire cela chez nous aussi ?». Le Carnaval de Nice et la bataille des fleurs auraient ainsi influencé l’incroyable Carnaval de Rio.
3 - La Chapelle de la Miséricorde n’est pas si sobre
Édifiée à l’usage des Théatins entre 1747 et 1786 par l’architecte Bernardo Vittone, ce n’est qu’en 1828 que la Chapelle de la Miséricorde a été attribuée à l’archiconfrérie des Pénitents noirs, qui étaient jusque-là présents au sein de la cathédrale Sainte-Réparate.

Et si la façade extérieure de la chapelle est plutôt sobre, pour se fondre au mieux dans l’architecture des bâtiments du cours Saleya, l’intérieur, lui, est doté d’une décoration plutôt exubérante, teintée d’or. À noter aussi que la sacristie abrite deux oeuvres majeurs de l’art primitif niçois : « La Vierge de la Miséricorde » de Jean Mirailhet et une autre du peintre de chez nous, Louis Bréa.
Mais aussi…
- 4 - Le tout premier marché de gros de la ville. À partir de 1861 et bien avant de devenir le symbole touristique de la ville, le cours Saleya a accueilli le tout premier marché de Nice où toutes les productions étaient rassemblées, des poissonniers aux fleuristes en passant par les maraîchers.
- 5 - Les fleurs, la fierté du cours Saleya. Le développement de la fleur était l’une des industries niçoises majeure au XIXe siècle. Toutes les collines étaient pleines de serres pour les cultiver, d’où la célèbre bataille des fleurs. Et quand le train est arrivé à Nice en 1864, grâce à l’inauguration de la gare Thiers, nos fleurs ont voyagé jusqu’à Paris. De quoi faire exporter l’un de nos savoir-faire.
- 6 - Napoléon Bonaparte y a logé. Au dernier étage du palais Hongran, situé au 2 rue Saint-François-de-Paule, à l’entrée du cours Saleya, Napoléon Ier a séjourné durant quelques jours, au moment où il a pris la tête des armées d’Italie, en 1796.



