5 questions à… Claude Lubrano, président du "Comité de Quartier de Cimiez", présent à Nice depuis 1910. À la tête de l'association depuis vingt ans, cette figure locale mobilise les riverains pour porter de nombreux projets…
1 - Quel regard portez-vous sur l'évolution de Cimiez ?
C'est un quartier privilégié de la ville, fondateur de Nice. Nous avons su au fil des ans protéger l'habitat local, en contribuant à respecter les lieux. Mais aujourd'hui, le problème majeur, c'est la circulation.
Avec l'arrivée du tram, nous avons coupé l'axe Nord-Sud. Pour remonter dans les collines, il ne reste donc plus que Cimiez comme point de passage, ce qui a engendré une augmentation de 30% des flux. Aux heures de pointe, la situation est difficile. Surtout le matin et à la sortie des écoles, avec un trafic saturé.
Il y a aussi un problème de sécurité, qui est compliquée la nuit. Les gens craignent les vols et les agressions. C'est le côté négatif et c'est logique, puisque nous sommes un peu à l'écart de la ville-même.
2 - Quelles sont les principales demandes qui vous sont remontées ?
En ce moment, et j'insiste sur ce point, c'est la sécurité. Des gens ont peur. Des voitures sont vandalisées. Avenue Colombo, des vitres sont régulièrement cassées. Récemment, même devant le Regina, dans un endroit pourtant éclairé, trois voitures ont eu les vitres brisées. L'autre sujet qui revient avec insistance, c'est la circulation.
"Les résidents paient des impôts fonciers importants. Il ne faudrait pas que ces fonds soient destinés uniquement aux autres quartiers"
Il faut parfois vingt minutes pour traverser le quartier, juste pour faire quelques centaines de mètres. On nous répète souvent qu'à Cimiez, nous sommes des enfants gâtés, des privilégiés. Mais cela ne doit pas tout excuser. Les résidents ici paient des impôts fonciers importants, qui ont énormément augmenté ces dernières années. Il ne faudrait pas que ces fonds soient destinés uniquement aux autres quartiers.
3 - Quels sont les grands projets que vous avez pu porter ?
Il faut savoir qu'un comité n'a pas les moyens de faire quoi que ce soit, mais il peut soumettre des idées. Nous devons être créatifs et c'est ce que nous faisons. On échange régulièrement avec la mairie, mais il faut que des budgets soient alloués à cela. Nous avons la chance, en étant sur place, d'être dans l'ultra-proximité, de connaître la moindre rue et toutes les problématique.
Nous avons par exemple poussé pour faire reprendre la place Commandant-Gérôme, qui était un gros point noir. C'était l'un des premiers endroits à poser problème, avec le croisement de cinq rues, qui bloquait toute la circulation. Nous avons étudié la possibilité de mettre au moins une de ces rues en sens unique, ce qui a ensuite été réalisé. Nous avons aussi phosphoré autour de l'avenue Cap de Croix, qui était ancienne et étroite. Cela faisait des années que nous le demandions, et elle a été refaite suite à nos démarches.
4 - Quelles sont les actions menées par le comité ?
Il y a le projet de nouveaux bâtiments (Covivio) qui va voir le jour à Brancolar. Nous insistons sur le manque de stationnement que cela va engendrer. Les parents déposent déjà leurs enfants à l'AnimaNice et au Conservatoire. Le futur bâtiment aura des logements, avec des places de parking, mais la plupart des foyers possèdent deux voitures au minimum. Il y aura aussi une crèche et un centre pour personnes âgées, donc des visiteurs supplémentaires.
On avait proposé la création d'un parking souterrain, en face de l'école d'infirmières. Mais ils ont préféré créer des jardins partagés. Cela aurait pu désengorger certains endroits. À Cimiez, il n'y a tout simplement pas de vrai parking. La place du Monastère est saturée, c'est inutile d'y aller. Pourquoi d'ailleurs ne pas mettre en place un stationnement avec parcmètre et deux heures gratuites pour éviter les voitures ventouses et favoriser un roulement ?
"L'autre grand combat, c'est l'avenir de la villa Paradiso. Ce lieu pourrait devenir un magnifique centre culturel"
L'autre grand combat, c'est l'avenir de la villa Paradiso. Ce lieu pourrait devenir un magnifique centre culturel. C'est un site qui s'inscrit dans le quartier de Cimiez, lui-même véritable centre culturel à ciel ouvert avec de nombreux musées (Matisse, Archéologie, Chagall). Il faudrait y créer un projet cohérent.
On parle de l'artiste Ben, pourquoi pas ? L'art niçois se développe depuis plusieurs années, avec des figures comme Arman, Sosno et d'autres artistes régionaux. Ce serait intéressant de les regrouper dans un même lieu.
5 - Pourquoi avoir repris la présidence de l'association, qu'est-ce qui vous anime au quotidien ?
Je suis Niçois, j'ai grandi ici, j'ai un attachement profond à ce quartier. J'y ai fait ma scolarité et j'y vis encore aujourd'hui. J'ai été au lycée Masséna, à une époque où on ne mélangeait pas les garçons et les filles et où on s'y rendait en Solex, sans casque (sourire). Cimiez a toujours été un quartier résidentiel huppé. La colline, où s'était installée la reine Victoria, a vu se construire de nombreuses villas. Puis les écoles se sont greffées autour. Mais il a su rester très résidentiel et je m'épanouis au quotidien à le défendre.
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