Réputé pour son ambiance de village préservé et son identité nissarde, Saint-Isidore est l'un des quartiers les plus convoités de Nice. (Re)découvrez cinq anecdotes qui participent à sa renommée…
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Placé sous la protection d’un saint espagnol
Le quartier de Saint-Isidore, porte fièrement le nom de son divin patron, Isidore le laboureur, figure emblématique du monde rural. Au XIIe siècle, d’origine espagnole, il était connu pour sa vie simple et pieuse.
Originaire de Madrid, où il est également vénéré, Isidore a fui les Almoravides, une dynastie musulmane, et s’est distingué par son esprit de prière, sa charité et son lien avec la terre. Représenté en paysan avec une bêche à la main, il avait, selon la tradition, le don de faire tomber la pluie. Une bénédiction pour les terres agricoles… Chaque année en avril, les riverains pensent à lui, avec une procession traditionnelle.Depuis la petite chapelle perchée sur la colline de La Ginestière.
Le quartier a milité pour son indépendance !
Après la Seconde Guerre mondiale, un vent de rébellion a soufflé sur le quartier de Saint-Isidore. Certains habitants, attachés à leur identité locale et à leur mode de vie rural, ont rêvé d'indépendance.
"Mon grand-père, comme d’autres, s’était mobilisé pour que Saint-Isidore se détache" confiait Jeannette Capacci, emblématique épicière, dans le magazine des quartiers de la municipalité.
Ce mouvement, resté sans suite, reflète l’attachement des habitants à leur territoire et à leur autonomie. Bien que Saint-Isidore soit resté un quartier de Nice, l’esprit d’indépendance persiste dans certains cœurs. "On est heureux de faire partie de la ville, mais ici, on aime cultiver notre liberté" Avec une identité unique.
Un passé (et un présent) agricole
Le quartier de Saint-Isidore est profondément enraciné dans un passé agricole. Situé sur les terrains alluvionnaires fertiles de la plaine du Var, il a vu prospérer des activités telles que le maraîchage, l’horticulture et l’élevage, au début du XXe siècle. À cette époque, plusieurs vacheries alimentaient la production laitière locale, tandis que les terres représentaient le cœur économique et social du village.
Aujourd’hui, bien que Saint-Isidore soit en partie absorbé par l’urbanisation avec ses hangars, ateliers mécaniques, immeubles et grandes surfaces, des maraîchers et pépiniéristes perpétuent encore cette vocation.
Malgré ces transformations, le quartier conserve un esprit de village. Les habitants parlent d'ailleurs encore de "campagne" pour désigner les champs encerclés par la zone commerciale.
Le point de ralliement des diligences
Au départ, Saint-Isidore était un relais de diligences, un lieu stratégique où voyageurs et attelages faisaient halte avant d’entamer la dernière ligne droite vers Nice. Il répondait à un besoin pratique : permettre aux chevaux de se reposer et d’être remplacés, tout en offrant aux passagers une pause bien méritée. Au XIXe siècle, la route était longue et exigeante, et ce hameau, niché dans la vaste plaine du Var, était une étape essentielle.
Au-delà de ces repères chronologiques, l’histoire de Saint-Isidore est celle d’un village bien particulier. Petit bourg situé aux portes de la capitale maralpine, il s’est initialement développé à l’extrémité de la colline de La Ginestière. Ce noyau ancien, avec son pâté de maisons niçoises, subsiste encore aujourd’hui, tout près de l’ancienne gare du train des Pignes, légèrement en retrait.
Français et italiens ensemble
Le monument aux morts de l’église Notre-Dame-du-Rosaire rend un hommage unique et poignant. Si, comme partout, il honore les enfants d'ici tombés pour la France, il se distingue par une particularité émouvante : la liste des noms gravés n’est pas exclusivement française. À gauche, les soldats français ; à droite, les soldats italiens. Ce monument reflète l’histoire complexe de la Grande Guerre, mais aussi celle de Saint-Isidore, qui accueillait une forte communauté italienne avant 1914.
Lorsque la mobilisation générale fut décrétée, les Italiens de Nice se sont retrouvés dans une situation singulière. Le royaume transalpin, passé de la Triple Alliance (avec les Allemands) à la Triple Entente, entraînant certains ragazzi à combattre sous les couleurs de leur Nation d’origine, tandis que d’autres s’enrôlaient dans l’armée française. Il arrivait même qu’une famille ait des fils sous deux uniformes différents…
Ce double-hommage inscrit dans la pierre illustre cette dualité et célèbre le sacrifice partagé. En 2018, à l’occasion du centenaire de l’armistice, la présence du Consul Général d’Italie a conforté cette mémoire commune.