La nouvelle législation encadrant les meublés touristiques commence à produire des effets dans plusieurs villes françaises. Les professionnels du secteur, dont les conciergeries, alertent sur une baisse d’activité significative.
Depuis la mise en œuvre des récentes mesures encadrant les meublés de tourisme, plusieurs professionnels de la location constatent une diminution importante de leur chiffre d’affaires. La conciergerie HostnFly estime avoir perdu 50 % de son activité à Biarritz.
« Depuis les nouvelles réglementations, à Biarritz, on a perdu la moitié de notre business », affirme Quentin Brackers de Hugo, président de HostnFly.
La loi adoptée en novembre 2024 a renforcé le pouvoir des maires pour limiter les locations de courte durée, en particulier dans les zones tendues où la crise du logement est aiguë. Elle a également réduit les avantages fiscaux associés à ces locations.
Plafonnement du nombre de jours et autorisations de changement d’usage
Les municipalités peuvent désormais limiter à 90 le nombre de jours durant lesquels une résidence principale peut être louée via des plateformes comme Airbnb ou Abritel. Si un propriétaire souhaite louer une résidence secondaire, une autorisation de changement d’usage est obligatoire, transformant le bien en local commercial.
À Paris, selon HostnFly, l’impact reste mesuré, mais « dans certaines villes, c’est drastique ». À Biarritz, les nouvelles règles rendent presque impossible toute nouvelle mise en location. « Les autorisations ne sont pas renouvelées par la mairie », déplore Quentin Brackers de Hugo.
Marie Pistinier, présidente du syndicat des professionnels de la location meublée, évoque des « impacts directs » : « J’ai dû me réorienter vers des locations moyenne et longue durée en partie à cause des réglementations », explique-t-elle.
Pour les professionnels du secteur, cette restriction pourrait nuire au tissu économique local. « Des résidences secondaires vont rester vides en moyenne 330 jours par an, avec un impact négatif sur le tourisme local et les commerces de proximité », insiste M. Brackers de Hugo. « À Biarritz, les commerçants ont fait grise mine l’année dernière », ajoute-t-il.
Les quotas locaux et le contrôle renforcé changent la donne
La loi autorise également les communes à instaurer des quotas de meublés touristiques. Saint-Malo a par exemple limité leur nombre à 370 dans le centre historique intra-muros, une mesure jugée « trop stricte » par HostnFly, bien que « très intéressante dans l’idée ».
À Nice, où jusqu’à 70 % des logements touristiques dans certains quartiers sont détenus par des investisseurs professionnels, la ville constate une baisse des locations saisonnières depuis deux à trois ans. « Nous avons infléchi la courbe », se félicite Anthony Borré, premier adjoint au maire chargé du logement.
Vers une baisse progressive des locations illégales
Les autorités locales disposent désormais de davantage de leviers pour lutter contre les abus. Les propriétaires ne peuvent plus utiliser des sociétés civiles immobilières (SCI) pour contourner la réglementation. Les conciergeries sont elles aussi soumises aux mêmes obligations que les particuliers.
« Avant, il pouvait y avoir des abus. Maintenant, les mailles du filet sont de plus en plus fines », affirme Quentin Brackers de Hugo.
Jacques Baudrier, adjoint PCF au logement à Paris, note un renforcement des contrôles. « Comme on gagne de plus en plus de procès et que les amendes sont plus élevées, les propriétaires vont arrêter face au risque », explique-t-il.
À Paris, la ville estime à 25.000 le nombre de meublés touristiques illégaux. Une équipe dédiée mène des enquêtes de terrain, récolte des preuves et engage des procédures judiciaires. « On est dans une dynamique où l’arsenal juridique nous est favorable, donc on va limiter très fortement leur nombre », anticipe M. Baudrier.
Avec AFP