Souvent moqué et critiqué sur les réseaux sociaux, l'entrepreneur Oussama Ammar interpellé à Nice : il est soupçonné de blanchiment, faux et usage de faux

Oussama Ammar, cofon­dateur de l'incubateur de start-​ups "The Family" et person­nalité contro­versée de la tech française, très présent sur les réseaux sociaux, fait l'objet d'une infor­mation judiciaire à Paris. Ses anciens associés l'accusent d'avoir détourné plusieurs millions d'euros.

Le 26 février, l'entrepreneur franco-​libanais de 38 ans "a été inter­pellé à sa descente d'avion à l'aéroport de Nice", selon le parquet de Paris, contacté par l'AFP.

Cette garde à vue s'inscrit dans une infor­mation judiciaire ouverte pour abus de confiance, faux et usage de faux, ainsi que blanchiment, précise le ministère public. Ces inves­ti­ga­tions font suite à une plainte déposée en mars 2022 par plusieurs sociétés du groupe "The Family", suivie d'une seconde en janvier 2023, selon une source proche du dossier.

Le lendemain de son inter­pel­lation, Oussama Ammar a déclaré avoir été "libéré après quelques questions" dans un message publié sur LinkedIn. "Pour la première fois en quatre ans, j'ai enfin pu donner ma version des faits", a-​t-​il ajouté.

De son côté, le parquet a précisé que l'intéressé serait "recon­voqué pour être interrogé", après l'analyse de son "matériel de communication".

Sollicité par l'AFP, l'un de ses avocats n'a pas souhaité faire de commentaire.

"Oussama a vrillé" -

Tout remonte à 2013, lorsque Oussama Ammar cofonde "The Family" avec Alice Zagury et Nicolas Colin. Cet incubateur devient rapidement l'un des piliers de la tech française durant les années 2010.

"The Family" a accom­pagné plusieurs centaines de start-​ups, parmi lesquelles Heetch (VTC), Algolia (logiciel) ou Payfit (paiement en ligne), en échange d'une parti­ci­pation au capital de ces entreprises.

À l'été 2015, l'incubateur reçoit même la visite d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie.

Cependant, à partir de 2020, ses associés commencent à le soupçonner d'avoir détourné des fonds destinés à l'achat d'actions dans diverses entre­prises américaines.

Il quitte l'entreprise en septembre 2021, mais ses ex-​partenaires l'accusent depuis d'avoir soustrait 4,5 millions d'euros aux inves­tis­seurs de "The Family" entre mai 2018 et octobre 2020.

C'est à cette époque que "Oussama a vrillé", confiait Alice Zagury au Figaro fin 2023. "Il a changé d'entourage et de mode de vie. Puis il a sombré dans une quête de reconnaissance."

Il est également suspecté d'avoir utilisé ces fonds pour financer un complexe hôtelier en Normandie qu'il met réguliè­rement en avant sur ses réseaux sociaux.

Devenu un "meme"

D'autres procé­dures sont en cours au Royaume-​Uni et aux Îles Caïmans, où sont enregis­trées la majorité des sociétés concernées.

En décembre 2023, la justice des Îles Caïmans le condamne à verser plus de sept millions d'euros à "The Family".

Une décision qu'il juge dénuée de "toute valeur", selon ses décla­ra­tions au journal Le Parisien en décembre 2023.

Malgré ses déboires judiciaires, l'ancien visage de la tech française reste très actif sur les réseaux sociaux. Il cumule plus de 365.000 abonnés sur TikTok et publie réguliè­rement des vidéos sur sa chaîne YouTube, parta­geant conseils en inves­tis­sement et moments de vie à Dubaï (Émirats arabes unis).

Début 2023, son image devient virale sur Internet : son visage rond et sa silhouette imposante font de lui un "meme". Certains inter­nautes utilisent des extraits de ses vidéos pour se moquer de ses anecdotes, parfois jugées exagérées, et l'accusent de mythomanie.

"Moi, j'adore les memes, merci de m'avoir trans­formé en meme", a-​t-​il réagi dans une vidéo visionnée plus de 3,8 millions de fois sur TikTok.

(Avec AFP)