"En amour, chacun son style et à l’Opéra de Nice, il y en a pour tous les goûts". Cette semaine, la grande maison niçoise dévoilait sa programmation 2024-2025 : le directeur Bertrand Rossi fait le point sur les rendez-vous immanquables, mais aussi sur ses coups de coeur…
Nice-Presse : Après le sport, vous avez estimé que la thématique qui rassemble tous les publics, c'est celle de l'amour ?
Bertrand Rossi : J'ai voulu une saison vivante, libre et amoureuse. L'amour est la base de tous les opéras, puisqu'il représente une transposition de bien des débats actuels. La revendication de la liberté d'aimer est née avec la Révolution française, et se poursuit, avec la liberté d'être soi, quel qu'en soit le prix. Ce combat se réinvente sans cesse, avec des réécritures, des mélanges de genres et de nouvelles formes artistiques.
Faut-il voir ce slogan, "Libres d'aimer", comme un parti pris de l'Opéra Nice Côte d'Azur, un engagement ?
C'est pour nous une volonté de nous affirmer, un engagement fort peut-être politique et sociétal, encore davantage que jusqu'à présent. L'opéra n'est pas un art figé : c'est un miroir de la société, qui nous fait prendre conscience de tout ce qui doit changer. Il nous éclaire sur l'avenir.
"Nous continuerons de casser les codes, pour ouvrir des portes vers tous les publics"
Vous nous promettez un lancement extraordinaire le 7 septembre, à quoi faut-il s'attendre ?
Le hip-hop et le breakdance seront de retour, avec un festival Hip Hop'éra. Il y aura une ambiance folle en soirée, animée notamment par des rappeurs, mais ce sera déjà le cas l'après-midi, grâce à une scène montée en extérieur, avec des battles de danseurs. Toujours avec cette volonté de croiser les univers et les disciplines. En 2024-2025, nous continuerons de casser les codes, pour ouvrir des portes vers tous les publics.
Autre rendez-vous attendu, la comédie musicale Carmen Street, un spectacle annoncé comme étant participatif.
Carmen est une héroïne intemporelle, tragique, indépendante et rebelle. C'est l'opéra le plus joué au monde.
Nous proposerons une version "traditionnelle", et dans le cadre du centième anniversaire, nous marquerons le coup avec une comédie musicale. Ce sera un show exceptionnel, bien dans son époque, avec des décors et des chorégraphies à la fois surprenants et ancrés dans l'actualité. Plusieurs écoles de danse sont impliquées, et pour la première fois, des AnimaNice, sans oublier le C.F.A. de Carros.
"Bousculer, c'est aussi notre objectif"
Cette saison sera aussi amoureuse de la mer et de l'océan…
C'est une façon de célébrer l'organisation du Sommet des Nations-Unies au Port Lympia. Un concert symphonique dirigé par Lionel Bringuier sera donné en juin 2025. Un autre est prévu, autour du poème La Mer (1907)de Mikalojus Konstantinas Čiurlionis.
Nous avons passé commande auprès du compositeur Yann Robin pour créer une œuvre autour de cet enjeu mondial, avec à l'esprit Aïda de Verdi, à l'époque du Canal de Suez. Notre hymne, avec pour structure le Boléro de Ravel, durera quinze minutes, et sera joué devant les chefs d'Etat. Une danseuse étoile de l'Opéra de Paris sera des nôtres.
À titre plus personnel, qu'attendez-vous avec le plus d'impatience ?
C'est difficile, je vais donc vous en citer deux ! Edgar, avec le centenaire de la mort de Puccini. L'occasion de proposer une création française, à Nice, puis à Turin et Nancy. Ce sera l'événement lyrique de l'année. Je citerais aussi Juliette ou la clé des songes, de Bohuslav Martinů, composé pendant son jour à Nice au mitan des années 1930.
Christian Estrosi désigne l'opéra comme un "laboratoire culturel". C'est cela qui vous donne la liberté d'innover ?
Le Maire a raison, nous devons nous réinventer en permanence. Il faut proposer cette créativité là où on ne l'attend pas, sans avoir peur des conventions. Deux cinéastes vont par exemple mettre en scène un opéra, Bertrand Bonello (Les 12 Vies de Schönberg) et Cédric Klapisch (La flûte enchantée).
L'Opéra Nice Côte d'Azur doit être en avance sur son temps, après plusieurs années un peu passéistes. On le voit, les grands médias nationaux sont, à nouveau, très présents, je pense notamment au Monde et au Figaro, tout comme plusieurs signatures internationales. Nous sommes sur la bonne voie.
Le public niçois n'est pas aussi conservateur que ce que certains ont pu dire : on voit à quel point il adhère à nos innovations. Bousculer, c'est aussi notre objectif.