Première étape vers une convergence attendue par une partie des électeurs de droite ou simple entente stratégique ? À l’Assemblée nationale, les voix du Rassemblement national jusqu’à celles des proches d’Édouard Philippe se sont unies jeudi pour « dénoncer » l’accord franco-algérien signé en 1968.
Une initiative inédite pour le RN, qui avait placé ce texte au programme de sa journée parlementaire, suscitant la satisfaction de son allié Éric Ciotti, l’ancien président de LR, ardent défenseur de « l’union des droites ».
Le député des Alpes-Maritimes a rapidement salué le soutien des élus LR et Horizons ayant voté le texte « pour leur cohérence », ce qui a permis son adoption à une voix près.
La veille, Éric Ciotti affirmait que l’approbation de cette résolution serait « un premier signe » d’ouverture de la part de son ancien parti, pour défendre ensemble « des idées qu’on a toujours défendues ».
Le rejet de l’accord de 1968 avec l’Algérie fait, il est vrai, largement consensus au sein de la droite française.
Le président des Républicains, Bruno Retailleau, l’avait déjà réclamé en début d’année, lorsqu’il occupait le poste de ministre de l’Intérieur, face au refus d’Alger de reprendre ses ressortissants frappés d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Le chef des députés LR, Laurent Wauquiez, a pour sa part encouragé les siens à « se mobiliser » pour soutenir le texte : « Si le fond correspond à ce qu’on défend, on vote », a-t-il justifié.
Même position chez Horizons, le mouvement fondé par l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, qui s’était lui-même déclaré favorable à la dénonciation de l’accord, comme l’a rappelé la députée Agnès Firmin-Le Bodo sur X.
« Un vote en cohérence avec les idées, c’est normal non ?», a-t-elle écrit, tout en précisant que cela ne signifiait pas « être en accord avec le RN ».
Vers une recomposition politique à droite en vue de 2027 ?
En écho aux déclarations de leurs dirigeants, qui affirment que la France penche désormais à droite, ce vote pourrait séduire les électeurs souhaitant un rapprochement avant l’échéance présidentielle de 2027.
D’après un sondage Ifop publié par l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, plus de huit sympathisants sur dix du Rassemblement national et des Républicains seraient favorables à une « coalition des droites ».
Mais la méfiance reste vive entre les formations. Marine Le Pen a répété mercredi qu’elle n’était pas favorable à cette « arlésienne » qu’est « l’union des droites », lui préférant « l’union des patriotes ».
Même prudence chez Les Républicains. Leurs responsables rappellent que le RN avait déjà mêlé ses voix à celles des Insoumis et de la gauche pour renverser le gouvernement du LR Michel Barnier l’an dernier.
Laurent Wauquiez, qui reproche au RN d’être « de gauche sur le plan économique », défend plutôt « un rassemblement de la droite » allant du ministre macroniste Gérald Darmanin à Sarah Knafo, eurodéputée de Reconquête!, sans inclure le parti de Marine Le Pen.
« C’est le seul rassemblement capable de faire dérailler le train du RN et de répondre à une véritable attente », a-t-il confié à l’AFP, en espérant qu’un candidat unique soit désigné dès mai, après les municipales de mars.
Au printemps, Laurent Wauquiez avait présenté la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni comme « un modèle pour la droite », parvenue au pouvoir grâce à une vaste coalition.
Plusieurs figures de LR partagent cette ambition, notamment David Lisnard, président de l’Association des maires de France (AMF), favorable à une primaire « d’une grande entente » réunissant l’UDI jusqu’à Reconquête!.
Ces positions divisent toutefois le camp de la droite. Xavier Bertrand, président LR des Hauts-de-France et rival potentiel à la présidentielle, appelle Bruno Retailleau à clarifier les « ambiguïtés » entre son parti et le RN.
Avec AFP



