Treize personnes vont être jugées pour avoir participé au harcèlement en ligne de l'adolescente Mila, parfois accompagné de menaces de mort, après sa publication d'une vidéo critiquant vivement l'islam.
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Un phénomène de meute bien présent dans le quotidien des jeunes. En 2019, on estimait que plus de 40% des moins de 50 ans avaient déjà subi des attaques répétées sur Facebook et Twitter, dont 22% des 18-24 ans.
Qui attaque ?
Pour comprendre comment le cyberharcèlement fonctionne, il faut d'abord tenter de connaître les "bourreaux", et leurs victimes.
"Il n’y a pas de profils types" explique Justine Atlan, directrice générale de l’association E-Enfance dédiée à la protection des mineurs sur Internet, "ni de règles générales qui démontrent qu'une personne est plus susceptible qu'une autre de commettre du cyberharcèlement."
Mais on dénote des constantes, "un besoin de vengeance, de malveillance".
"On remarque aussi que ceux qui sont très actifs n’ont pas eu de limites, de règles ou de sanctions" avant de passer à l'action. Ensuite, pour beaucoup, l’impunité règne sur internet, où les harceleurs, bien souvent anonymes, "pensent être protégés."
Pour les victimes, "c’est la même chose, difficile de prévoir qui peut y être confronté" poursuit Justine Atlan. "on devient une cible, mais on ne sait pas toujours pourquoi".
Elles sont légèrement plus faibles mentalement et au niveau de leur caractère face aux "leaders", mais "ce n'est pas une généralité". La difficulté a exprimer des émotions peut aussi permettre à quelqu'un d’avoir une emprise.
Comment fonctionne le cyberharcèlement ?
Deux choses définissent le harcèlement sur Internet.
Il y a d'abord la malveillance, l'envie d'être agressif ou de faire preuve de violence, dans la démarche de faire du mal.
Le deuxième point, c'est la répétition. On considère que le cyberharcèlement est constitué quand la victime fait l’objet d’attaques au moins une fois par semaine et pendant un mois (comme pour un "harcèlement classique").
Seul "avantage" quand c'est en ligne, c’est qu’il y a des traces pour le prouver "que ce soit des messages, images, ou vidéos, on peut démontrer qu’il y a eu des violences psychologiques".
En ligne tout va très vite, "comme une tache d’huile. On aura beau essayer de l'arrêter, elle continuera de s’étendre". Une fois postée, une vidéo ou un photo est quasiment impossible à supprimer.
"Le cyberharcèlement détruit complètement" explique Lucie, victime de "revenge porn".
Cette pratique, assez répandue chez les jeunes, consiste à diffuser des photos intimes de sa victime dans le but de l’humilier. Pour Lucie "c’est un combat sans fin, parce qu’on sait que ça ne disparaîtra jamais."
Les parents jouent un rôle très important. Beaucoup ont tendance à considérer les technologies numériques “comme le domaine réservé de leurs enfants qui auraient davantage d'habiletés et de compétences” explique le ministère de l’Éducation nationale. De fait, sans accompagnement nécessaire, l’enfant se retrouve seul face à la technologie.
Comment agir contre ?
Pour Lucie, il faudrait mettre en place des "cours obligatoire dès le collège" pour connaître vraiment les dangers "et pas juste une prévention d’une heure par an".
De même, pour tous types de harcèlement, il y a trois acteurs : la victime, le bourreau et les témoins. Il faut donc "apprendre aux gens à oser en parler pour aider".
"Il n’y a pas vraiment de recette miracle, il faut quand même s’y préparer" et lorsque cela arrive, avoir le réflexe de se diriger vers les bonnes personnes : ses proches, la direction de l'établissement, la police, des associations ou encore des numéros gratuits d'assistance, comme le 30 18.