Bien avant que l'été ne débute officiellement, la France a connu des températures caniculaires. Un épisode précoce qui inquiète pour l'avenir.
Les records n'ont toutefois pas été enregistrés sur le littoral azuréen. À Nice, le mercure a stagné autour des 30 degrés. Les plus fortes températures ont été signalées dans le Sud-Ouest avec plus de 42 degrés par endroits.
Même si Nice reste "protégée des températures extrêmes", il faudra faire face à "plusieurs difficultés" prévient Jean-Michel Soubeyroux, directeur adjoint scientifique au service climatique de Météo France.
Les dernières chaleurs enregistrées à Nice sont-elles inquiétantes ?
Ce qui est inquiétant c'est d'oublier que l'été débute le 21 juin. L'épisode de chaleur s'est déroulé vers le 15.
Les températures du mois de juin n'ont pas été plus chaudes que celles des mois d'août. Mais ce n'est pas dans la normale climatologique du secteur, on était encore au printemps.
Depuis le 1er mai, la situation est inédite à Nice et c'est valable pour tout le sud de la France.
"La Côte d'Azur n'a pas les températures maximales les plus importantes, mais les minimales les plus élevées"
On a eu 29 nuits tropicales, c'est-à-dire avec une température supérieure à 20 degrés. En temps normal il y en a moins de 10. Le précédent record datait de 2003, il y en avait eu 23.
29 journées de chaleur ont été enregistrées à Nice, soit des températures au-dessus des 25 degrés. C'est un record équivalent à celui de 2003. Sur mai et juin les chiffres sont les plus élevés depuis les premiers relevés de 1943.
Les températures les plus fortes ont été enregistrées sur la Côte Basque et pas sur la Côte d'Azur. Comment l'expliquer ?
La Côte d'Azur n'a pas les températures maximales les plus importantes. Par contre, on y recense les minimales les plus élevées.
Il y a eu 42 degrés à Biarritz parce que le flux venait du sud, avec des effets élevés à cause des Pyrénées.
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Sur la Côte d'Azur, les flux maritimes rafraîchissent. Il faut que l'air vienne du Nord, c'est-à-dire des terres, pour avoir des records de chaleur sur le littoral.
Mais l'air chaud habituel de la Méditerranée n'a pas disparu, il s'est simplement décalé vers l'Est.
Les précipitations du début de semaine sont-elles suffisantes pour rafraîchir l'atmosphère ?
Ça reste trop rare. Depuis début 2022, Nice connaît la période la plus sèche jamais enregistrée depuis 1943.
Il n'est tombé que 107 millimètres de précipitations. La moyenne climatologique sur la même période est de 320 millimètres.
On a un déficit de 66%. Il va falloir plus que les 15 millimètres tombés durant les trois derniers jours pour le rattraper.
Doit-on s'attendre à plus de sécheresses ?
Vu la situation, on s'attend à ce que la Méditerranée devienne une zone qui s'assèche avec des précipitations plus faibles et des températures plus importantes. C'est la double peine.
"Les nuits tropicales vont devenir plus nombreuses"
Il y a une perspective d’aggravation de l'aridité. Les sécheresses seront de plus en plus fréquentes.
Comment sera la vie à Nice en 2040 ?
Il suffit de regarder l'évolution du climat depuis la fin des années 1990 et de la calquer sur les deux prochaines décennies.
Nice reste protégée des températures extrêmes, mais les nuits tropicales vont devenir plus nombreuses. Il faudra supporter cette moiteur de l'air. On a aussi d'autres problématiques particulières.
Je pense notamment au risque d'incendie dans les forêts et la problématique de la gestion en eau. On peut aussi avoir une inquiétude à propos d'événements extrêmes à l'approche de l'automne, comme ce qu'il s'est passé dans la Roya.